États-Unis : La "bataille" contre les retraites31/03/20052005Journal/medias/journalnumero/images/2005/04/une1913.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

États-Unis : La "bataille" contre les retraites

Il est bien possible que le grand projet de Bush de privatisation partielle du système de base des retraites, géré par l'État fédéral et appelé aux USA "sécurité sociale", soit repoussé à plus tard. L'opposition au projet, déjà largement majoritaire dans l'opinion publique, gagne parmi les parlementaires, y compris les Républicains.

C'est que le mensonge utilisé pour justifier l'urgence de la prétendue réforme, c'est-à-dire la faillite du système par répartition actuel, est un peu gros. En effet le système dégage toujours d'importants excédents (68 milliards de dollars en 2004) et continuerait à en dégager jusqu'en 2017. Les énormes excédents accumulés permettraient même de payer 100% des pensions jusqu'en 2041, voire 2052 selon certaines études. Autant dire que cette mesure impopulaire paraît de plus totalement injustifiée, et que même les élus républicains peuvent trouver qu'il n'y a nulle urgence à l'adopter, d'autant plus qu'elle pourrait coûter leur siège à ceux qui l'auraient votée.

Les sondages indiquent que près des deux tiers des Américains sont contre le projet, en particulier les 47 millions de retraités et les plus de 50 ans qui sont nombreux à voter. En effet, Bush voudrait qu'un tiers des cotisations des actifs soit désormais consacré à financer des retraites privées individuelles. C'est évidemment la meilleure façon de mettre le système par répartition en difficulté. Et cela coûterait fort cher à l'État fédéral qui a pris l'habitude de combler son déficit avec les excédents du système de retraite, placés en bons du Trésor. À la place, il lui faudrait emprunter sur les marchés financiers à des taux beaucoup plus onéreux. La solution qu'il propose, c'est tout simplement de réduire les pensions de retraites, pourtant déjà très faibles, (de l'ordre de 8000 euros par an)! Ce serait d'autant plus dramatique que des travailleurs en activité de plus en plus nombreux ne cotisent pas à une retraite complémentaire et dépendront donc pour leurs vieux jours de la seule retraite fédérale.

Pour permettre aux assureurs privés de mettre la main sur une partie du pactole du système des retraites, Bush est prêt à ruiner tout le système, à appauvrir les retraités et à alourdir les charges financières du budget fédéral. Il a pensé pouvoir profiter de sa réélection en novembre dernier et de la majorité républicaine à la Chambre des représentants et au Sénat pour faire passer cette attaque en règle contre la population laborieuse.

Les élus républicains ont reçu en janvier dernier une lettre de la Maison-Blanche affirmant: "Pour la première fois depuis six décennies, nous avons l'opportunité de gagner la bataille de la sécurité sociale." Mais la bataille en question est tellement, et de façon si visible, en faveur d'une minorité de capitalistes contre une majorité de la population, que les parlementaires renâclent et envisagent de repousser le projet... à plus tard.

En tout cas les salariés et les retraités ont tout intérêt à intensifier leur pression pour que Bush soit obligé de remballer son projet.

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