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États-Unis : Dans le pétrole, il n'y a pas que les profits qui explosent
Quinze morts et 105 blessés, dont certains dans un état critique, tel est le bilan de l'explosion d'une raffinerie de pétrole appartenant à BP, et située à Texas City (États-Unis).
Cette raffinerie compte 1800 employés sur une surface immense de plusieurs kilomètres carrés. Onze des 15 morts travaillaient pour un sous-traitant spécialisé dans la maintenance des raffineries, la société Jacobs.
L'explosion, dont les causes ne sont pas encore identifiées pour le moment, a eu lieu au moment de la remise en route de la raffinerie, arrêtée pendant quinze jours pour régler des problèmes de maintenance. Le redémarrage représente un moment délicat où les risques d'accidents sont importants.
Construite en 1934 sous le nom de Pan American Refinery, la raffinerie de Texas City appartenait à la société américaine Amoco, avant sa revente à BP en 1999. Elle traite quelque 460000 barils de pétrole brut par jour et les transforme en une série de produits dérivés et d'abord en essence.
Les raffineries américaines tournent en moyenne à 90% de leurs capacités. En cette période de l'année, elles lancent une campagne de production d'essence destinée à satisfaire la demande des consommateurs américains dans la période d'été, où la vente d'essence est la plus forte. Le respect des normes de sécurité n'est pas leur fort.
Dans le secteur des compagnies pétrolières, la prospection est l'activité la plus profitable. Chez BP, par exemple, la division exploration-production a généré cette année les trois quarts des profits bruts. Elle draîne donc l'essentiel des investissements productifs, tandis que les raffineries, souvent anciennes, et même très anciennes, ne bénéficient pas de l'argent frais qui permettrait de les mettre aux normes actuelles. Déjà en mars dernier, une autre explosion avait touché une unité de production d'essence de la même raffinerie, sans faire toutefois aucun mort.
Les infractions aux normes de sécurité sont nombreuses. On en avait relevé quatorze à Texas City rien qu'en mars dernier. Au cours des quatre dernières années, BP a signalé quatre accidents aux autorités fédérales. Deux lui ont coûté des amendes pour non-respect des normes de sécurité. Au total, cette entreprise a payé 172000 dollars d'amendes.
Se moquant de faire vivre leurs salariés et la population environnante dans la crainte d'une nouvelle explosion, les compagnies pétrolières, jusqu'à présent, ont estimé qu'il leur coûtait moins cher de payer des amendes que de mettre leurs entreprises aux normes de sécurité.
Elles font d'autant plus volontiers ce choix qu'elles n'ont pas l'intention d'ébrécher les dividendes qu'elles distribuent à leurs actionnaires. En février dernier, BP avait annoncé un bénéfice net record de 16,2 milliards de dollars (l'équivalent de 12,6milliards d'euros). La flambée des prix de l'or noir et l'accroissement des marges dans le secteur du raffinage ont en effet permis une croissance de 26% de ses profits. Et les actionnaires de BP devraient se partager 23 milliards de dollars en 2005-2006. La peau des salariés, elle, passe bien après.