EDF vient de présenter ses comptes pour 2004 avec un bénéfice de 1,3 milliard d'euros et une réduction de 5 milliards de son endettement. Ces comptes ne sont pas forcément très sincères, car il s'agit de présenter un visage avenant aux investisseurs dans la perspective de la prochaine ouverture du capital et de l'introduction en Bourse. Malgré tout la situation financière va plutôt bien, ce qui fait d'autant plus ressortir la désastreuse situation qui règne en Corse.

Fin février et début mars, la Corse a connu des coupures d'électricité tournantes, lors de la vague de froid. Les réserves d'eau derrière les barrages étaient au plus bas et les centrales thermiques (dont l'énergie est fournie par des moteurs Diesel) n'arrivaient pas à produire suffisamment de courant. Il a fallu faire venir d'urgence des groupes électrogènes du continent.

Pendant qu'EDF a investi des milliards d'euros en achats à l'étranger, cela fait des années qu'elle laisse se dégrader la situation en Corse. Les 208000 abonnés de l'île (l'équivalent d'une ville moyenne de province) avec une industrie faible, ne l'intéressent pas beaucoup. C'est trop petit pour justifier une centrale nucléaire. Et en matière de centrales thermiques (elles assurent les deux tiers de la production d'électricité) EDF se contente de centrales hors d'âge, poussives et archipolluantes.

EDF prétend que le mal vient d'un hiver exceptionnellement froid en cette période de l'année. Mais c'est un prétexte: cela fait des années que les syndicats dénoncent le sous-investissement et que le courant, sans être nécessairement coupé, est souvent de mauvaise qualité, c'est-à-dire avec une tension insuffisante, provoquant de gros problèmes, en particulier chez les possesseurs d'ordinateurs.

EDF se moque du service public, le cas de la Corse est révélateur à cet égard, seuls les bénéfices, et bientôt les actionnaires, l'intéressent. Et pour "l'Île de Beauté" absolument rien n'est prévu pour que cela change.