En juin dernier, la direction de la SNCF annonçait sa décision de réorganiser ses approvisionnements. La principale conséquence est la suppression de 470 emplois, due au transfert en 2006, à une plate-forme privée, du stockage des pièces nécessaires à l'entretien du matériel roulant, en lieu et place de ses 17 magasins situés dans ses ateliers de réparation, dont celui de Saint-Pierre-des-Corps.

C'est l'entreprise TNT Logistics qui a "emporté le marché" de la plate-forme pour les pièces SNCF. TNT Logistics est une filiale de TPG, une multinationale qui se définit elle-même comme "un leader global en logistique, courrier et express" dont la maison-mère est la Poste hollandaise. TPG annonce un chiffre d'affaires de 11,9 milliards d'euros en 2003.

Lors de l'annonce de cette "externalisation", la direction SNCF, histoire de faire passer la pilule, disait que l'activité devrait rester dans le groupe SNCF, et elle évoquait Géodis. "Le groupe" devra se contenter d'assurer le transport entre la plate-forme et les sites de réparation du matériel par le SERNAM.

Le site choisi pour implanter cette plate-forme logistique est Moissy-Cramayel, commune de la ville nouvelle de Sénart, en Seine-et-Marne. Nous ne savons pas si cette plate-forme sera construite de toutes pièces (ce sera difficile en neuf mois d'ici le 1erjanvier 2006) ou s'il s'agit de locaux existants mais le SERNAM est installé dans cette ville.

Le second volet de cette réorganisation est la centralisation de la gestion des pièces dans un Centre Logistique Industriel regroupant 110 cheminots sur un site dont le PDG de la SNCF Gallois devrait annoncer le 23 mars la localisation (Dijon, Tours ou Saint-Étienne).

En attendant, les suppressions d'emplois ont commencé dès cette année dans les principaux magasins situés en province: Saint-Pierre-des-Corps, Nevers, Bischheim, Oullins, Hellemmes, Périgueux.

À Saint-Pierre-des-Corps, ce sont déjà 12 suppressions d'emplois qui sont programmées pour 2005 et certaines sont déjà réalisées car il y a eu quelques opportunités de reclassement dans l'atelier. Le magasin qui comptait 106 salariés fin 2004 ne devrait conserver que 27 emplois début 2007.

Depuis juin dernier, les magasiniers et gestionnaires de stock ne sont pas les derniers à se mobiliser à chaque fois que les syndicats localement ou nationalement en offrent la possibilité. Ils voient bien aussi que les attaques dont ils sont victimes font partie d'un plan plus vaste de suppressions d'emplois qui vise tous les secteurs de l'entreprise (voir les 2330 suppressions de postes annoncées dernièrement à la vente des billets). Et ils savent avec l'expérience de 1995 qu'en matière d'emploi, seule une mobilisation de tous les salariés de l'entreprise est de nature à faire céder la direction.

Lors de la manifestation interprofessionnelle de Tours du 10 mars dernier, à laquelle 400 cheminots ont participé, certains arrivaient à la conclusion: "Aujourd'hui, nous avons montré notre force, demain il va falloir l'utiliser."