Polémique au sein du Parti Socialiste - Emmanuelli-Hollande : La mémoire de deux amnésiques17/03/20052005Journal/medias/journalnumero/images/2005/03/une1911.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Polémique au sein du Parti Socialiste - Emmanuelli-Hollande : La mémoire de deux amnésiques

C'est le psychodrame au PS -mais c'est une habitude. Emporté par son élan en faveur du "non" au prochain référendum, Emmanuelli, pour montrer que dans le passé, la majorité du PS n'avait pas toujours eu raison, a rappelé deux épisodes peu reluisants de la longue histoire de ce parti.

Il a rappelé notamment le vote des pleins pouvoirs à Pétain en 1940 par bon nombre de députés socialistes et plus tard l'utilisation des pouvoirs spéciaux accordés à Guy Mollet qui les avait sollicités pour faire, promettait-il, la paix en Algérie et qui avait ensuite généralisé l'envoi du contingent pour faire cette guerre coloniale.

Comme on peut voir, ce ne sont pas des petits détails de l'histoire...

François Hollande a immédiatement sommé l'intéressé de retirer ces comparaisons malsonnantes mais correspondant à des faits réels.

Tous ces faits mentionnés par Emmanuelli n'ont rien d'une révélation. Lorsqu'on est en 2005 un des dirigeants d'un parti qui a ce passé-là, c'est en pleine connaissance de cause. Et cela signifie que cet héritage politique, on a choisi de l'assumer. Cela vaut pour Hollande, dont les fausses indignations ont bien du mal à paraître sincères. Mais cela vaut tout autant pour Emmanuelli. Car pour retrouver des exemples politiques qui montrent que le PS a trahi ses engagements, point n'est besoin de remontrer cinquante ou soixante-dix ans en arrière. Dans son florilège, Emmanuelli a omis des épisodes plus récents... dans lesquels il porte sa part de responsabilité directe.

Henri Emmanuelli fut secrétaire d'État sans interruption de 1981 à 1986, dans des gouvernements socialistes présidés par Mauroy puis Fabius, dans la période où Mitterrand, arrivé au pouvoir grâce aux voix populaires, mena une politique dirigée contre ces mêmes couches populaires. Ce fut l'époque du blocage des salaires, de l'envolée du chômage, du plan Acier, des mesures contre la Sécu. Ce fut l'époque des calomnies de Mauroy contre les grévistes de Citroën en 1984. Ce fut aussi l'époque des interventions militaires au Tchad ou au Liban, et, entre autres, de la grâce accordée aux généraux putschistes de la guerre d'Algérie.

À propos de tout cela, a-t-on entendu Emmanuelli faire état de divergences, sur le coup, ou même après coup? Pas moins que Hollande, certes. Mais pas davantage non plus.

Il est si facile d'épingler les reniements du PS, tant il en a eus. Cela permet à des politiciens comme Emmanuelli de se refaire, à bon compte, une virginité dans le radicalisme verbal. Mais il est un peu osé de se faire passer pour un perdreau de l'année quand on a tout de même à son actif, un certain nombre d'heures de vol.

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