logement : Un toit c'est un droit17/03/20052005Journal/medias/journalnumero/images/2005/03/une1911.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

logement : Un toit c'est un droit

Les expulsions pour loyer impayé ont recommencé depuis le 15 mars. En 2003, les préfets avaient permis l'expulsion de 21500 familles à l'échelle de la France. La fondation Abbé-Pierre calcule que 90000 familles abandonnent chaque année leur logement parce qu'elles ne peuvent plus le payer. De son côté le ministère estime qu'un million de personnes, dont un quart d'enfants, vivent dans des logements insalubres et dangereux. De plus les mobile-homes, caravanes et hôtels meublés ne sont pas comptabilisés comme logements, alors que c'est là que se réfugient les familles qui ne trouvent pas à se faire héberger.

Pendant ce temps des sociétés immobilières s'arrachent à coups de millions des immeubles de centre-ville. Bureaux ou magasins, logements vides ou occupés, sociétés qui vendent leurs murs et paient ensuite un loyer, édifices publics mis à l'encan, tout leur est bon. Cette concurrence pour placer dans l'immobilier les capitaux disponibles fait monter le prix du mètre carré (plus 13% à Paris cette année). Cette hausse des prix engendre de gros bénéfices, lesquels attirent de nouveaux capitaux... c'est un phénomène de spéculation qui permet, aujourd'hui, aux actionnaires de sociétés immobilières d'empocher de 10 à 15% de profits... sans même qu'un immeuble neuf soit construit.

L'augmentation du prix des immeubles est suivie par l'augmentation du prix des loyers, 4,2% par an en moyenne, et les centres-villes sont devenus trop chers même pour les cadres. Ainsi même des gens disposant d'un salaire sont repoussés des centres-villes et cherchent maintenant à se loger dans les banlieues proches ou bien desservies par les transports en commun, contribuant à y faire monter le prix des logements. Cela oblige les familles populaires à partir encore plus loin et contribue à faire tomber les familles les plus démunies dans les logements insalubres ou précaires.

Le "logement social" et les diverses aides au logement sont censées contrebalancer la loi du marché et permettre aux travailleurs de trouver à se loger décemment. Mais les HLM sont en nombre insuffisant, des centaines de milliers de logements sociaux sont vétustes et on n'en construit pas assez. Il faut donc parfois des années pour obtenir un logement dans une HLM. De plus leur loyer augmente tous les ans, alors que les ressources des locataires diminuent puisqu'il y a de plus en plus de salariés payés au salaire minimum, de plus en plus de chômeurs et que le nombre de RMIstes a augmenté de 10% en un an. Dans ces conditions, il n'est pas étonnant que la Confédération Nationale du Logement calcule que le logement compte maintenant pour 36% dans les dépenses d'un ménage populaire. On comprend comment la seule perte d'un salaire dans la famille peut conduire à avoir du mal à payer son loyer. La marge est très étroite entre "arriver tout juste à joindre les deux bouts" et "se retrouver à la rue".

C'est pour toutes ces raisons que Droit au Logement (DAL), la CNL et d'autres organisations appelaient à manifester à Paris dimanche 13 mars. Les mots d'ordre étaient "non aux expulsions", "des crédits pour le logement social, pas pour le privé", "un toit c'est un droit", "réquisition de tous les logements vides" et "pas d'expulsion sans relogement". Le Comité des Sans-Logis faisait remarquer que la Ville de Paris, qui se vante d'ouvrir quelques gymnases les soirs de grand froid, procède elle aussi à des expulsions (ce comité appelle à une manifestation de protestation contre ces expulsions, le mercredi 23 mars, à 13 heures 30, devant le "Casino", place de la Nation à Paris).

Des lois existent ou pourraient exister pour garantir un toit à chacun. Mais comme vient de le dire un député de droite "elles sont généreuses, mais le Conseil constitutionnel les refusera car elles se heurtent au droit de propriété". On ne saurait mieux dire. Tant que le droit de propriété des spéculateurs et autres vautours primera sur le droit de chacun à vivre décemment dans un logement décent, les travailleurs seront mal logés.

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