L'épiscopat cherche des crosses à une publicité : Censure et cène de la vie dévote17/03/20052005Journal/medias/journalnumero/images/2005/03/une1911.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

L'épiscopat cherche des crosses à une publicité : Censure et cène de la vie dévote

L'Église catholique vient de faire interdire l'exposition sur la voie publique d'un panneau publicitaire représentant une interprétation libre d'un tableau peint à la fin du XVe siècle par Léonard de Vinci et intitulée La Cène. On sait que celui-ci représente le mythe du dernier repas d'un dénommé Jésus en compagnie de ses proches collaborateurs, appelés familièrement ses apôtres.

Cette publicité pour une marque de vêtements représente des participants à un festin, des femmes essentiellement, dans des attitudes décontractées de fin de repas. Il y a bien un dos nu d'homme mais pas plus aguicheur que cet autre homme, quasiment nu, que l'on représente crucifié dans toutes les églises de France et de Navarre.

Ceux qui ont porté l'affaire devant les tribunaux ne sont pas des membres d'une confrérie intégriste marginale mais des représentants officiels de l'Église catholique de ce pays. Leurs reproches portent sur "l'utilisation de la cène à des fins mercantiles et la pose lascive de l'homme".

Et pourtant, qu'en savent-ils, de ce qu'était l'état des participants lors de ce dernier "gueuleton" de leur prophète? Ces messieurs n'y étaient pas, il n'y avait pas un seul photographe, pas un seul paparazzi pour informer les gazettes. Sont-ils si sûrs qu'elle n'ait pas donné lieu à des débordements, du type de ceux qui se produisent à la fin de certains repas de famille? Et que diable, si tel a été le cas, qui leur jetterait la pierre?

Seul pourrait avoir à redire à ce détournement d'image Léonard de Vinci, lui-même. Mais il y a longtemps qu'il s'est tu. Pourtant, un juge vient de donner raison à l'Église sous prétexte que cet affichage représenterait "un acte d'intrusion agressive et gratuite dans le tréfonds des croyances intimes"!

Ce juge s'est senti agressé dans son tréfonds. Ne cherchons pas à en savoir plus sur ce que l'on peut trouver dans ce ténébreux tréfonds. Mais que dire de l'agression de ceux qui doivent subir le spectacle de processions costumées, véhiculant un rituel d'un autre âge, ou de ces cérémonies dominicales que la télévision retransmet sans carré blanc, accessibles donc aux regards innocents de jeunes enfants? Ne constituent-elles pas une agression autrement intolérable à l'égard des sentiments des libres penseurs?

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