Jeux Olympiques à Paris : Ceux qui vont gagner et ceux qui sont sûrs de perdre17/03/20052005Journal/medias/journalnumero/images/2005/03/une1911.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Jeux Olympiques à Paris : Ceux qui vont gagner et ceux qui sont sûrs de perdre

De Chirac à Delanoë, voire aux leaders syndicaux, rien ne nous sera épargné pour faire monter l'enthousiasme envers la candidature de Paris aux Jeux Olympiques. À les entendre, "les Français veulent les jeux". À ceux auxquels les cocoricos ne suffisent pas, on assène l'argument des "retombées économiques". Reste cependant à savoir sur qui va retomber cette pluie de milliards que l'on nous promet.

Une chose au moins est claire. Rien, dans les recettes des Jeux, ne servira à financer les infrastructures qu'ils nécessitent. La vente des billets, les droits télévisés, les recettes publicitaires, tout cela ira dans la poche du Comité d'Organisation des Jeux Olympiques. Cela lui rapporterait bien plus que les 2,2 milliards d'euros qu'il va dépenser pour le fonctionnement proprement dit des Jeux. Il reviendra par contre aux contribuables de financer les installations sportives qui seront construites, et dont le coût s'élèvera à 2 milliards d'euros. Le nouveau stade aquatique, le vélodrome, les centres sportifs de plus de 10000 places, ce ne sont pas "les Jeux" qui vont les financer. C'est l'État qui, pour cela, se déclare miraculeusement capable de trouver l'argent qu'il refuse aux hôpitaux et aux écoles.

Ce sont aussi les villes, les régions, les départements qui n'arrivent pas à boucler leur budget et augmentent les impôts locaux, mais dont les élus se retrouvent parmi les plus chauds défenseurs du projet. Pour mieux susciter l'adhésion des habitants qui pourraient avoir quelque inquiétude quant à leurs impôts locaux, ils n'hésitent d'ailleurs pas à présenter ces Jeux comme un espèce de Père Noël descendu de l'Olympe qui pourrait apporter dans sa hotte les infrastructures qui font défaut depuis des années, notamment en matière de transports en commun et même d'équipements sportifs. Le métro serait modernisé, la ligne 12 prolongée, une nouvelle gare de RER verrait le jour, il y aurait des lignes de tramway plus nombreuses... Ces améliorations sont, pour la plupart, déjà prévues, et souvent retardées parce que l'État refusait de mettre la main à la poche. Faire croire que leur réalisation dépend du fait que Paris soit ville olympique pendant quelques semaines, et non des besoins des usagers qui s'entassent matin et soir dans les transports, peut tout juste donner un argument pour les remettre encore une fois à plus tard en cas d'échec de la candidature parisienne.

Il n'y a donc pas forcément de quoi s'enthousiasmer sauf pour les groupes capitalistes associés à l'affaire. Derrière Arnaud Lagardère, on trouve dans le "club entreprises Paris 2012" des sociétés comme Bouygues, le groupe hôtelier Accor, France Télécom, le Crédit Agricole ou Suez. Chez ces gens-là, on ne rêve pas, on compte. Les quelque six milliards de retombées économiques qu'on nous promet, c'est là qu'elles sont attendues.

Même les emplois prévus risquent de ne durer que le temps d'une olympiade. Ce qui retombera sur la population, ce sera la facture des Jeux, comme à chaque fois.

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