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Espagne : Régularisation des sans-papiers - Zapatero multiplie les obstacles
Le gouvernement socialiste espagnol a entamé le 7 février un processus de régularisation des sans-papiers. Ceux-ci ont jusqu'au 7 mai prochain, soit trois mois, pour déposer un dossier leur permettant d'obtenir une carte de séjour.
Aujourd'hui, ils sont 1,3 million de sans-papiers en Espagne, dont 300000 pour lesquels il s'agit d'obtenir le renouvellement de leur permis de séjour. C'est le premier plan de régularisation depuis 2001 et, avec lui, les socialistes au pouvoir parlent d'une politique de dignité et d'humanité. Mais la réalité est tout autre.
Un parcours du combattant
En effet la constitution du dossier relève du parcours du combattant et bien des papiers sont difficiles à obtenir. Il faut un contrat de travail de six mois déposé par le patron ou son représentant, avec la preuve que les déclarations à la Sécurité sociale sont faites. Il faut aussi l'inscription d'au moins 6 mois dans une mairie pour prouver la résidence et enfin, mesure sortie du chapeau pour la première fois -et par les socialistes - un extrait de casier judiciaire du pays d'origine, timbré et traduit très officiellement par l'ambassade. Rien que cette dernière exigence élimine tous ceux qui n'ont pas les moyens ou la possibilité de se le procurer, voire de le faire faire dans un pays lointain. Les formalités sont par ailleurs tellement complexes qu'il est nécessaire de recourir à un avocat si l'on ne veut pas courir le risque de voir le dossier rejeté. Lorsqu'il était dans l'opposition, le PSOE expliquait qu'il ne demanderait qu'une condition de résidence!
On estime à seulement 300000 le nombre de dossiers qui pourraient être déposés dans les formes d'ici mai. C'est tout juste le nombre de ceux qui doivent renouveler leur carte mais qui, contrairement à ce qui était le cas jusqu'à présent, risquent de se la voir refuser cette fois-ci.
En fait, ce sont les patrons qui décideront ou pas du sort des travailleurs sans papiers, en leur fournissant ou non le fameux contrat de travail d'au moins six mois. De nombreux témoignages font part des chantages qui s'exercent déjà dans bien des entreprises, petites ou grandes, sur les salaires, allant jusqu'à faire payer la Sécurité sociale par les salariés.
La mauvaise volonté des patrons et des municipalités
Les sans-papiers sont aussi victimes d'escrocs (patrons ou autres) qui leur vendent des vrais ou faux contrats au prix de 2000 à 10000 euros. Mais aussi, alors que dans les quinze premiers jours du processus de régularisation on comptait 48000 dépôts de dossiers, on comptait également 58000 licenciements d'immigrés.
Par ailleurs, de nombreuses mairies refusent de délivrer des certificats de résidence et manifestent ouvertement leur hostilité à la régularisation de la situation des travailleurs immigrés clandestins.
Le gouvernement de Zapatero s'efforce d'apparaître comme menant une politique généreuse à l'égard des travailleurs immigrés, mais il ne fait guère mieux que les précédents gouvernements de droite. En outre, en martelant le fait que ceux qui travaillent peuvent être régularisés, il alimente l'idée que ceux qui ne seront pas légalisés seront tout simplement ceux qui ne travaillent pas et contribuent à augmenter la délinquance; c'est une façon aussi d'alimenter les préjugés racistes.
Nombre de sans-papiers ont donc compris qu'ils n'auraient rien s'ils ne s'organisaient pas. Une partie d'entre eux l'ont fait dans le cadre des "assemblées de sans-papiers", pour exiger "des papiers pour tous", et se sont fait entendre au cours de manifestations, d'occupations de sites, comme ce fut le cas pendant le week-end des 12 et 13 mars à Barcelone.