Après le succès du 10 mars : Continuer et amplifier les luttes17/03/20052005Journal/medias/journalnumero/images/2005/03/une1911.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Editorial

Après le succès du 10 mars : Continuer et amplifier les luttes

Constatant le succès de la journée de manifestations et de grèves du 10 mars, Raffarin propose "l'ouverture de négociations dans la Fonction publique". Quant au secteur privé, il propose "une relance de la participation et de l'intéressement des salariés", "pour répartir les fruits de la croissance", dit-il.

Mais les travailleurs ne se contenteront pas de mots creux car les manifestations du 10 mars ont exprimé un mécontentement réel et fondé. Depuis des années, la "répartition des fruits de la croissance" est tout pour les patrons et pour les actionnaires, et rien pour les travailleurs. Pire: les profits gigantesques, dont les patrons des grandes entreprises se vantent auprès de leurs actionnaires, sont réalisés sur le dos des travailleurs par une exploitation de plus en plus dure. Les travailleurs le sentent dans leurs muscles, dans leurs nerfs, par l'usure de leur santé, par la fatigue de journées trop longues. Ils le voient aussi en regardant leur feuille de paie. Si les profits sont élevés, c'est parce qu'on écrase de plus en plus le monde du travail, parce que les salaires sont trop bas, même quand on a un emploi stable, parce que les horaires ont été rendus flexibles et sont imposés au gré des fluctuations du marché, parce que les emplois stables sont remplacés par des emplois précaires: intérim, CDD, temps partiel non choisi.

Et ce qui est vrai pour le privé l'est aussi, et de plus en plus, dans le secteur public. Car, même dans la Fonction publique, la sécurité de l'emploi est un mensonge brandi pour diviser les travailleurs et pour opposer ceux du public à ceux du privé, tant il y a d'auxiliaires, de vacataires ou d'intérimaires.

Les problèmes fondamentaux des travailleurs de ce pays sont les mêmes pour tous: la menace du chômage et de la précarité et l'insuffisance des salaires. Les objectifs des luttes doivent être, aussi, les mêmes pour tous.

Au soir de la journée du 10 mars, Raffarin a fait dire qu'il était "attentif aux inquiétudes exprimées". Mais ce n'est pas l'inquiétude des travailleurs qui le fera céder, c'est leur colère.

La journée du 10 mars doit avoir une suite. Les directions syndicales n'en ont pas encore annoncé une, alors que cela aurait dû être fait avant même que les manifestations du 10 mars aient eu lieu, afin que chaque étape prépare la suivante, que le succès d'une journée encourage les hésitants à se joindre à la suivante. La vague promesse de négociations jetée par Raffarin ne doit pas arrêter la pression des travailleurs, mais, au contraire, la renforcer. C'est là où les grèves, qui ont éclaté dans des entreprises aussi différentes que l'usine de montage Citroën à Aulnay et les magasins Conforama, montrent la voie.

Ce que le patronat et le gouvernement craignent par-dessus tout, c'est un mouvement qui s'étende et qui s'amplifie. C'est aussi la seule façon de montrer aux directions syndicales que les travailleurs n'accepteront pas que leurs revendications vitales soient abandonnées pour le plat de lentilles des négociations.

Pendant et après les manifestations du 10 mars, on a entendu dire qu'il fallait transformer leur succès en un succès du vote "non" au référendum. Tous ceux qui disent cela trahissent les intérêts des travailleurs. Il ne faut pas que le mécontentement qui monte soit détourné vers les urnes. Dans les urnes, la voix des travailleurs est étouffée sous le papier. C'est dans les entreprises, dans la rue, que nous sommes forts. Alors, contrairement à tous ceux qui disent que, pour améliorer le sort des travailleurs, il faut voter "non", nous disons: votons "non" mais, pour stopper les attaques du patronat et du gouvernement, il faut la lutte, les grèves et les manifestations.

Il faut un mouvement ample qui menace d'échapper à toute prévision, il faut que l'ensemble des travailleurs se retrouvent autour de quelques objectifs simples: pas de licenciements collectifs, pas de précarité, un emploi correctement payé pour tous, augmentation générale des salaires!

Arlette LAGUILLER

Éditorial des bulletins d'entreprises du 14 mars

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