Après le 10 mars : Les syndicats prêts à discuter de... rien !17/03/20052005Journal/medias/journalnumero/images/2005/03/une1911.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Après le 10 mars : Les syndicats prêts à discuter de... rien !

Au lendemain de la journée de grèves et de manifestations du 10 mars, Raffarin a joué la comédie du ministre "attentif aux inquiétudes exprimées". Il lui a suffi de jeter en pâture aux syndicats de très vagues promesses de négociations pour que ceux-ci se précipitent.

Raffarin a invité Dutreil, le ministre de la Fonction publique, à reprendre les discussions avec les syndicats, mais seulement vers la fin du mois de mars. Sans doute pour bien limiter le cadre des négociations, il a tenu à préciser que le coup de pouce de 1% pour les salariés serait de toute façon conditionné à la "modernisation" de la fonction publique, et entre autres, à la reconnaissance du mérite dans la grille salariale, ce qui serait une nouvelle attaque contre les salariés. Pour les revendications salariales du privé, le Premier ministre s'est contenté d'inviter les dirigeants syndicaux à une réunion, le 18 mars, de la sous-commission de la négociation collective sur le pouvoir d'achat. Cette réunion qui a vocation à discuter des niveaux de salaires minimaux dans les branches professionnelles n'a pas été convoquée spécialement pour l'occasion, elle était prévue de longue date. Son importance aux yeux du gouvernement est telle que le ministre de la Cohésion sociale Jean-Louis Borloo n'avait même pas prévu d'y participer.

Qu'à cela ne tienne, les dirigeants des confédérations syndicales se sont empressés d'accepter ces rendez-vous. La CFTC, la CFDT, et la CGC se sont déclarés séduites par les propositions du ministre. Le dirigeant de Force Ouvrière, Jean-Claude Mailly, a tenu à se dire satisfait de "cette première déclaration d'ouverture du gouvernement". Bernard Thibault, le secrétaire général de la CGT, n'a pas tranché en réclamant, après le succès de la journée du 10 mars, "des rendez-vous pour de réelles négociations". Tous sont donc prêts à s'asseoir autour d'une table dès que le gouvernement fait un tout petit geste, sans même s'être demandé au préalable si celui-ci est prêt à céder quelque chose qui soit à la hauteur des exigences et de la colère du monde du travail.

Face à une montée du mécontentement social, les gouvernements savent bien manoeuvrer. Ils font mine d'être prêts à céder quelques petites choses, 1% d'augmentation de salaire, "une relance de la participation et de l'intéressement", sachant que les confédérations syndicales frétilleront à la seule idée qu'on leur fasse une petite place autour du tapis vert.

Mais ce qui intéresse les travailleurs par contre ce ne sont pas ces séances de discussion, mais de savoir ce qu'ils y gagneront au bout du compte. La responsabilité de dirigeants syndicaux qui se préoccuperaient des intérêts essentiels du monde du travail serait de dire à l'avance qu'avec un vague 1% et une vague réunion de sous-commission, le compte n'y est pas, et de préparer d'autres mobilisations pour forcer patrons et gouvernement à reculer vraiment.

Bien sûr les confédérations syndicales appelleront peut-être à une, voire à d'autres journées de grève et de manifestations. Elles y appelleront d'autant plus qu'elles sentiront la pression du mécontentement des travailleurs, voire si elles craignent que ceux-ci le montrent en se passant de syndicats qui ne répondent pas à leur attente.

Ainsi Jean-Claude Mailly, le dirigeant de FO, déclarait au lendemain de la journée du 10: "Que le gouvernement retire ses bouchons de cérumen ou sinon, le 17 mars, (jour d'une rencontre CGT-FO) on décidera de l'après". Pourquoi après le 17 mars, et pourquoi pas tout de suite?

La colère et le mécontentement du monde du travail existent. Ils se sont amplement manifestés ces derniers temps. Reste à préparer les travailleurs à rendre coup pour coup et à reprendre l'initiative ensemble, collectivement. C'est à la fois nécessaire, urgent et possible.

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