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Dans les entreprises
Alstom Belfort : Salariés virés, actionnaires choyés
Il y a un an, quand l'État a volé au secours des banquiers et des actionnaires d'Alstom, le PDG Kron avait annoncé cyniquement que les plans de licenciements prévus ne suffiraient pas, et que les salaires seraient gelés.
À Belfort, alors qu'un plan de 480 licenciements à Turbomachines se poursuit toujours, les travailleurs de MSA, un secteur de la même branche Énergie qui fabrique du fil supraconducteur pour des aimants, viennent d'apprendre que 150 d'entre eux allaient être licenciés, dont 100 dès cette année, sur les 240 actuellement à l'effectif.
À Machines Electriques, du chômage dit partiel est de nouveau programmé, surtout dans les ateliers: 200 ouvriers ne travaillent que quelques jours par mois, voire pas du tout, avec une perte de salaire qui réduit la paie au smic 35 heures. Des mesures déjà prises toute l'année dernière. Là, les salaires ne sont même pas gelés, ils ont fondu!
Quant aux autres secteurs de l'usine, en particulier dans le ferroviaire à FLO, la fable répétée par la direction selon laquelle "il faut sauver la Traction" nous est servie pour continuer à ne pas augmenter les salaires pendant qu'elle cherche à diminuer les temps de fabrication pour augmenter la productivité. Cette austérité est décidée par des gens comme Kron qui gagne 132630 euros (870000 F) par mois avec une récente augmentation de 20%!
Dans un entretien au journal allemand Handelblatt du 8 février, Kron déclarait: "En tant que PDG, on n'est jamais un homme libre. On doit protéger les intérêts de ses actionnaires." Effectivement, c'est pour cela qu'ils ont supprimé des milliers d'emplois, et ça continue; ils ont ruiné des centaines de familles ouvrières dans la région, réduites à vivre des allocations de chômage, auxquelles s'ajoutent tous ceux qui, "externalisés", ont été jetés à la rue par des patrons en cheville avec Alstom: récemment 19 licenciements sur 39 salariés à l'Imprimerie reprise par la multinationale OCE, 60 sur 124 à LGE (emballage, transport, magasin), ou encore à Von Roll Isola, à la chaudronnerie.
"Je considère le rôle de l'État comme celui d'un catalyseur afin d'accélérer les évolutions existantes" dit ce même Kron dans le journal cité plus haut. Le gouvernement, Chirac-Raffarin avec Sarkozy qui était ministre des Finances, a renfloué le capital d'Alstom de 300 millions d'euros pour que les financiers puissent continuer leurs affaires comme bon leur semble. Et cette fois encore, au nom de la défense de l'emploi à Belfort, le Conseil général, à majorité socialiste, se vante d'avoir trouvé 25 millions d'euros d'argent public "pour redynamiser le site Alstom" dans un projet baptisé Techn'Hom piloté par la SEMPAT. Cette société d'économie mixte, dans laquelle Alstom a fait son entrée avec un million d'euros, présidée par Christian Proust, compère de Chevènement qui s'est illustré dans l'affaire Gigastorage, rachète et aménage les grands bâtiments laissés vacants par les licenciements pour les louer ensuite à de nouvelles entreprises censées créer des emplois à la place de ceux qu'Alstom a détruits.
Les mêmes, qui à Belfort distribuent généreusement l'argent public au patronat, en pure perte pour la collectivité, trouvent logique de fermer l'école maternelle du Faubourg de Lyon et le collège Bartholdi du quartier populaire des Résidences. C'est sans doute aussi une manière d'"accélérer les évolutions existantes" voulues par le patronat.