Le 15 mars, reprises des expulsions locatives : La machine à faire des sans-abri va se remettre en marche09/03/20052005Journal/medias/journalnumero/images/2005/03/une1910.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Le 15 mars, reprises des expulsions locatives : La machine à faire des sans-abri va se remettre en marche

Le 15 mars ce sera la fin de la trêve hivernale des expulsions de logements, bien que cette année le froid soit encore très vif en ce début de mars.

Les chiffres des expulsions pour 2004 ne sont pas connus, mais on a ceux de 2003: 21500 ont été autorisées par les préfets dans le pays, dont 14800 pour la seule Ile-de-France. En 1992, il y en avait eu respectivement 12160 et 6905. On constate qu'en douze ans leur nombre a presque doublé.

Presque toujours, il s'agit d'expulsions pour raison d'impayés des loyers. Les cas où les propriétaires veulent récupérer leur logement pour eux-mêmes sont très rares.

Et bien entendu, si des familles n'arrivent plus à payer leur loyer, c'est tout à la fois à cause du chômage, des bas salaires et de la précarité qui limite les revenus, ainsi que de la hausse exorbitante du prix des loyers depuis ces dernières années.

Et encore, les chiffres publiés font illusion: en réalité, les tribunaux prononcent chaque année environ 100000 jugements d'expulsion. Ensuite c'est l'administration, la police, les préfectures, qui font ou pas appliquer les jugements et qui parviennent souvent à trouver des semblants de solution, parfois grâce à l'aide des services sociaux. Les représentants de l'État n'aiment guère en effet les «désordres sur la voie publique» que représentent les expulsions.

Malgré tout, chaque année, on en arrive à une vingtaine de millier de familles qui sont jetées à la rue. Certaines trouvent des parents ou amis pour les accueillir, d'autres des squats, et d'autres rien du tout et vont grossir les rangs des sans-domicile.

Après quoi, les gouvernants déplorent qu'il y ait autant de sans-abri l'hiver...

La véritable solution à ce problème serait la fin du chômage et des bas salaires, de façon que chacun puisse travailler, et avec son salaire se payer un logement décent. Ce serait en même temps qu'il y ait une vaste politique de construction de logements sociaux, de façon à ce qu'il y en ait suffisamment pour tout le monde, ce qui aurait aussi pour effet de faire cesser la spéculation sur les loyers.

Une solution provisoire serait qu'il existe une loi «pas d'expulsion sans relogement», ainsi que la réquisition des logements vacants. Au lieu de quoi, on a les déclarations tonitruantes de Borloo qui pour le moment entreprend de démolir des HLM, vétustes certes, alors qu'il y a tant de gens dehors.

Et puis, comment l'État ose-t-il laisser se prolonger une telle situation, alors que le précédent ministre de l'Économie ignorait le prix de son loyer, que de toute façon il ne payait pas? Son loyer mensuel était de 14000 euros. Combien d'expulsés sont jetés dehors parce qu'ils doivent une somme équivalente? Le ministre a certes été expulsé, mais il a trouvé à se reloger. Alors, pourquoi pas les autres?

Pour l'arrêt des expulsions sans relogement et le droit au logement pour tous, plusieurs associations, dont le DAL, les Coordinations des travailleurs sociaux de Paris et du 93, la CNL, etc., appellent à des actions dans toute la France du 11 au 15 mars et à une manifestation-tintamarre, le dimanche 13 mars à 14h30, place de la République à Paris.

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