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Leur société
Inégalité de salaires hommes-femmes : Les patrons prennent leurs aises
Chirac a annoncé une nouvelle loi qui, selon lui, devrait permettre de parvenir à l'égalité salariale entre les hommes et les femmes «dans un délai maximum de cinq ans». Or aucune contrainte n'est exercée à l'égard des patrons pour appliquer les lois qui existent déjà dans ce domaine.
En 1972, l'égalité de rémunération entre hommes et femmes est entrée... dans la loi. Puis est venue, en 1983, une loi sur l'égalité professionnelle entre les hommes et les femmes (loi Roudy), suivie en 2001 d'une autre loi (Génisson) sur le même sujet, alors que la précédente n'était pas appliquée. En plus de trente ans donc, aucun gouvernement n'a exercé de contrainte sur le patronat pour que les paroles se transforment en actes. En revanche, au nom de l'égalité des sexes (et depuis la loi Génisson), les femmes ont le droit de s'user la santé en travaillant de nuit comme les hommes, dans des activités où seule la rapacité patronale justifie de tels horaires. Bref, il y a eu beaucoup de bavardages sur l'égalité, à l'exception d'une disposition qui, loin de contraindre le patronat, va au devant de ses désirs.
C'est maintenant au tour de Chirac de préparer un nouveau texte, avec la ministre chargée de la Parité et de l'Égalité professionnelle, Nicole Ameline. En janvier dernier, selon le journal Les Échos, il était prévu des sanctions contre les «entreprises qui n'auront pas atteint l'objectif d'égalité professionnelle d'ici à 2010». Mais trois mois plus tard, le même journal constate que le projet «ne prévoit aucune sanction, à court terme, pour les entreprises ne respectant pas l'égalité». Et le «court terme» pourrait s'éterniser. En effet, il est prévu de laisser aux négociations entre patronat et syndicats, au niveau des branches et des entreprises, le soin d'établir «le processus qui permettra d'éliminer les disparités salariales».
Pour donner un exemple de la façon dont les patrons en prennent à leur aise, on peut citer l'obligation faite aux entreprises de plus de 50 salariés d'établir un rapport sur la situation comparée des hommes et des femmes et de proposer au comité d'entreprise de débattre sur ce thème. Bien que ces dispositions figurent en toutes lettres dans les lois Roudy et Génisson, 60% des entreprises concernées ne fournissent pas ce document, qui de toute façon ne coûte rien aux patrons. Alors, pour le reste...