Au Comité central d'entreprise du 5 février dernier, la direction de la SNCF a annoncé son plan concernant les «Ventes France Europe» (VFE) pour la période à venir. En clair, il s'agit -toujours sous prétexte de rentabilité- d'amputer fortement les effectifs dans le secteur «Vente et relation commerciale» des Grandes Lignes.

Le projet de la nouvelle organisation du travail part du principe que seul un client difficile doit pouvoir accéder à un guichet. Dans ce qui devrait dorénavant s'appeler le Nouvel Espace de Vente, un lieu abondamment rempli d'automates de vente, un agent orientera le client qui osera se rendre encore dans une gare pour y acheter son billet! Pour la SNCF, il s'agit d'habituer les voyageurs à utiliser les billets à domicile via Internet. À terme, le système «Ticket less» (qui porte bien son nom: «sans ticket») délivrera à l'usager uniquement un code à transmettre au contrôleur. Concrètement cela signifie, d'ici à 2007, quelque 2330 postes supprimés dans la filière commerciale, dont 780 constitués de départs en retraite non remplacés et 1550 autres postes que la SNCF envisage de «reclasser» comme elle dit, sans qu'on sache exactement où!

La CGT, la CFDT et l'UNSA ont bloqué la discussion du projet et celle-ci a été renvoyée au prochain CCE. Mais en attendant, la direction applique sa politique, en particulier en ce qui concerne la suppression de nombreux guichets de vente et la réorganisation des gares de moyen et faible trafics. Pour ces dernières, il s'agit de déterminer les amplitudes selon l'importance du trafic voyageurs. Les heures d'ouverture pourront ainsi être réduites à quelques heures par jour... jusqu'à la fermeture complète du guichet. Un seul agent pourra assurer l'ouverture de deux à trois gares pendant le même service. Autant dire que les conditions de travail des cheminots comme le service aux voyageurs n'iront pas en s'améliorant.

Pour l'heure, aucune véritable réaction syndicale n'a eu lieu contre ce projet de réduction des emplois. Mais bien des cheminots, qui en ressentent déjà les effets, manifestent leur mécontentement, parfois par la grève comme cela a été le cas récemment, en Gare de Lyon, à Paris.

De façon plus générale, les motifs de mécontentement ne manquent pas à la SNCF: plan fret, refonte de la filière Traction, de la filière commerciale, abandon progressif de la médecine de soins, réorganisation des bureaux administratifs, projet de simplification des procédures de sécurité lors des travaux, filialisation des services, etc.

Tous ces plans et autres projets ne visent qu'à faire le maximum d'économies dont pâtiront les travailleurs. Mais il n'est pas dit que cette offensive ne rencontre pas, un jour prochain, une réaction des cheminots à sa hauteur.