Sealed Air – Cergy 95) : Les ouvriers ne se laissent pas «délocaliser»24/02/20052005Journal/medias/journalnumero/images/2005/02/une1908.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Sealed Air – Cergy 95) : Les ouvriers ne se laissent pas «délocaliser»

Depuis le 14 février, les travailleurs de Sealed Air Cergy, à Saint-Ouen-l'Aumône dans le Val-d'Oise, sont en grève.

Le groupe américain Sealed Air est le leader mondial de l'emballage industriel. Présent partout dans le monde, il emploie 15000 salariés et environ 1500 en France, dont 110 à Cergy.

Au mois d'octobre dernier, les travailleurs ont appris que leur patron prévoyait de fermer les sites de Cergy et de Joigny dans l'Yonne en 2006 et, dans le même temps, de construire une nouvelle usine à Piffonds, à une vingtaine de kilomètres de Joigny et 200km de Cergy, qui regrouperait les travailleurs des deux sites fermés, avec tout de même 25 suppressions d'emplois à la clef. Le patron leur proposait en échange une prime ridicule.

Les ouvriers n'ont aucune garantie sur le travail qui les attend. La seule chose claire est que, lors du transfert, le patron leur volera une partie de la prime de nuit et la moitié de leurs jours de RTT (11 au lieu de 22!). Les travailleurs de Cergy refusent donc ce déménagement, d'autant plus que Piffonds est un village de 566habitants, où les conjoints auront bien peu de chances de trouver un emploi. Comme le dit une salariée: «Où mon mari, qui est gardien d'immeuble, va-t-il retrouver du travail? Et si, deux ans après notre arrivée, notre usine ferme, où frapperons-nous?»

Après une première journée de grève en décembre 2004, les travailleurs ont recherché vainement un soutien auprès des élus locaux. Le maire de Saint-Ouen-l'Aumône, Alain Richard, ancien ministre socialiste de Lionel Jospin, a seulement déclaré que: «Dans le bassin industriel, il y a des entreprises qui s'en vont, il y en a qui arrivent...» Autant dire qu'il s'en est lavé les mains.

Le 2 février, l'ensemble du personnel de Cergy a donc signé une lettre adressée à la direction réclamant une prime pour tous, y compris ceux, nombreux, qui refuseront d'être «délocalisés». Après avoir pendant des années enrichi les actionnaires, s'être détruit la santé pour un salaire proche du smic, ils veulent leur part des bénéfices, 215 millions de dollars en 2004! D'autant que la direction les a cyniquement remerciés, dans un courrier interne, pour les efforts fournis qui ont permis d'augmenter son chiffre d'affaires de 8% en 2004.

La grève est partie le 14 février. Personne ne travaille dans les ateliers. Les grévistes sont allés voir les autres travailleurs du groupe à Épernon dans l'Eure-et-Loir et à Joigny dans l'Yonne où, à chaque fois, ils ont été accueillis chaleureusement. À Joigny, ils ont appris que la direction voulait faire travailler les ouvriers les samedis pour compenser la perte due à la grève de Cergy. Mais après le passage de ceux de Cergy, bon nombre de salariés de Joigny ont refusé de faire les heures supplémentaires.

Les grévistes se réunissent tous les jours et partent informer de leur mouvement les autres travailleurs de l'agglomération de Cergy-Pontoise, dont ceux d'Axa et de Renault.

Après quatre jours de grève, la direction a fait savoir qu'elle était d'accord sur le principe d'une prime dont elle annoncerait le montant... le 25 février. Il lui a été répondu: «Vous nous obligez à faire encore une semaine de grève, voire plus, si le montant ne nous convient pas.» C'est dire que les grévistes sont prêts à obtenir satisfaction.

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