Le racisme dans une société malade24/02/20052005Journal/medias/journalnumero/images/2005/02/une1908.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Le racisme dans une société malade

Dans la nuit du dimanche 20 au lundi 21 février, deux actes racistes ont été commis en région parisienne. Une bouteille a d'abord causé un début d'incendie dans le wagon commémorant la déportation de 76000 Juifs à partir du camp de Drancy. Un tract signé «Ben Laden», arborant une croix gammée, a été trouvé sur les lieux. Puis d'autres croix gammées ont été découvertes sur les murs de la Mosquée de Paris, dans le 5e arrondissement, assorties d'inscriptions racistes.

Il ne manque pas, dans cette société, d'individus chez qui le racisme tient lieu d'idées, assez bornés pour s'en prendre à des lieux symboliques comme Drancy, qui représente encore aujourd'hui une souffrance, non seulement pour les proches de ceux qui, de là, ont été envoyés vers les camps de la mort, mais pour bien d'autres qui exècrent la barbarie sous toutes ses formes. Et que dire des individus qui, maculant une mosquée, insultent toute une partie de la population qui ne peut que se sentir méprisée, insultée pour son appartenance à une religion.

Bien sûr, on peut dire qu'il y aura toujours des imbéciles, dans quelque société que ce soit. Mais dans cette France du XXIe siècle ils sont inspirés, nourris, encouragés par d'autres, en particulier des hommes politiques, complaisants vis-à-vis du racisme, ou même qui y trouvent un fonds de commerce.

Il n'y a pas que les Le Pen ou les De Villiers. On ne peut oublier que Chirac, qui s'indigne aujourd'hui d'une recrudescence du racisme, s'affirma naguère incommodé par «le bruit et les odeurs» de certains... Et que dire de l'ex-Premier ministre Raymond Barre, qui s'est réveillé début février pour voler au secours de son «collègue» Gollnisch de l'université de LyonIII, «un homme sympathique, selon lui, parfois emporté par un langage outrancier, mais quelqu'un de bien».

Parmi ceux qui se voudraient les défenseurs des victimes visées par les actes racistes, il se trouve malheureusement des porte-parole pour tenter de jouer eux aussi sur la haine supposée d'une «communauté» contre une autre, poussant les hommes et les femmes qui leur font confiance à ne penser qu'en termes «communautaires», c'est-à-dire en termes de groupes liés par une religion, une origine ethnique, une couleur de peau. Et ces positionnements sont d'autant plus répandus que la situation politique se caractérise depuis des décennies par des guerres et des conflits, tel celui du Proche-Orient, où les puissants de ce monde sont les premiers à mener une politique qui dresse les peuples les uns contre les autres, nourrissant ainsi les haines et les rancoeurs.

C'est pourquoi le combat contre le racisme est inséparable du combat contre cette société de classes qui fait réapparaître à tout instant des préjugés et des comportements qui devraient être d'un autre âge.

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