- Accueil
- Lutte ouvrière n°1908
- Hospices civils de Lyon : Au fil des plans,ce sont les maladesqui restent en plan
Dans les entreprises
Hospices civils de Lyon : Au fil des plans,ce sont les maladesqui restent en plan
Les fermetures d'hôpitaux au fil des années, par les gouvernements de droite comme de gauche, provoquent une pénurie de lits disponibles dès qu'une épidémie éclate, comme celles qui se produisent actuellement dans la région Rhône-Alpes.
Du coup, les urgences sont vite saturées par l'afflux de malades nécessitant une hospitalisation et pour lesquels on ne trouve pas de lits. Devant cet afflux, le ministre de la Santé Douste-Blazy a déclenché le 10 février le plan Blanc, ce qui a pour conséquence de reporter des opérations programmées afin de libérer des lits, mais qui ne fait que déplacer le problème, quand on sait que le temps d'attente pour être hospitalisé est de plusieurs mois.
C'est ce qui a été décidé aux Hospices Civils de Lyon (HCL) et en particulier à l'hôpital Édouard-Herriot, avec en plus la réouverture de services fermés le week-end. En effet cela faisait trois semaines que plus de quarante malades passaient la nuit sur des couchettes dans les couloirs des urgences, avec un pic à plus de cinquante.
Une situation pas exceptionnelle dueaux restructurations
Les années précédentes, la direction de l'hôpital mettait en place un plan hivernal, avec l'ouverture exceptionnelle d'un service de gériatrie fonctionnant avec du personnel temporaire. Et elle imposait des malades dans les services ayant des lits inoccupés, obligeant ces services à décommander les malades pour lesquels ces lits étaient prévus. Cette année, il n'y a pas eu de plan hivernal, le service de gériatrie ayant été pérennisé, mais on a eu le plan Blanc.
La situation ne fait qu'empirer, les HCL continuant à fermer des lits. L'hôpital de l'Antiquaille (150 lits) a été fermé en juin. Un autre établissement de gériatrie de 40 lits a fermé à la même époque. En mettant en avant la rénovation et le confort des patients, la direction a favorisé les chambres individuelles, mais ainsi elle a diminué encore le nombre des lits. Depuis septembre, pour gagner des effectifs, des services ont été transformés en services de semaine, fermés le week-end, ce qui aggrave la pénurie. Des services jugés non rentables, parce que n'ayant pas un taux d'occupation suffisant, sont également fermés. Ce fut le cas à l'Hôtel-Dieu en fin d'année avec la fermeture de la réanimation et d'une partie de la chirurgie. Sans compter les fermetures exceptionnelles par manque de personnel et pendant les périodes de congés annuels.
L'absence debudgets suffisants
312 postes ont été supprimés aux HCL l'an dernier et un certain nombre de suppressions sont encore annoncées cette année. On demande aux infirmières de travailler en 12 heures le week-end. La direction essaie de convaincre les agents de mettre une partie de leurs RTT ainsi qu'une partie de leurs congés annuels sur le compte-épargne-temps. Mais elle est loin de les convaincre, ceux-ci préférant avoir ces jours à disposition plutôt que d'attendre la Saint-Glinglin. La plupart du temps, le personnel est en sous-effectif et, dès qu'un service travaille au-dessus du minimum, on oblige une partie du personnel à aller travailler dans les services en déficit. Pratiquement aucun congé maladie ou maternité n'est remplacé. Les roulements sont continuellement bouleversés, au détriment de la vie privée. Chaque dégradation des conditions de travail est justifiée par la hiérarchie «pour raisons de service».
Cette politique de restrictions budgétaires a des conséquences pour l'accueil des malades: attente de plusieurs mois pour une consultation ou une hospitalisation. Attente pour avoir les papiers permettant l'accès à la visite. Attente, une fois arrivé dans le service, que le malade précédent ait libéré le lit. Attente aux examens. Et, bien sûr, attente aux urgences, ce qui provoque parfois des incidents entre le personnel et les familles des malades, excédées et se sentant abandonnées.
Depuis une dizaine d'années, tous les gouvernements de droite comme de gauche ont sciemment limité les budgets de santé, avec les nombreuses difficultés que subissent personnel et malades. Cette politique d'économies est d'ailleurs imposée à l'ensemble des services publics, entraînant leur dégradation régulière. Il est temps de mettre un terme à cette politique néfaste.