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Dans les entreprises
Centre financier de Paris-Bretagne : On ne se laissera pas «mutualiser»
Le Centre financier de Paris-Bretagne, implanté à Nantes, doit d'ici la fin 2005 rejoindre les locaux de Nantes-Chèques au centre-ville. C'est pour la direction l'occasion rêvée de réorganiser les Modules, de «mutualiser». Au passage elle veut supprimer de nombreux emplois en regroupant ce centre de 400 personnes qui, avec les services de Nantes-Chèques, gère tous les titulaires de CCP-Paris.
Et puis, il y a le projet appelé OCRE 2, pour gagner en productivité, rendre le travail encore plus répétitif et transformer les agents, qui font principalement de l'accueil téléphonique, en supervendeurs qui «accrochent le client» en permanence. La pression commerciale est de plus en plus pesante. Des menaces sur les notations individuelles sont brandies, le stress et la politique du mépris envers les salariés aggravent les conditions de travail. De jeunes contractuels installés dans la précarité sont mis au pied du mur: vendre ou rejoindre le lot des chômeurs.
En plus, en-dehors de tout cadre légal, la direction veut mettre en place des «écoutes téléphoniques»! Nous serions enregistrés et un spécialiste, chargé d'analyser notre manière de répondre aux appels, transmettra un rapport écrit, détaillé au chef de service. Il s'agit de nous couler dans un moule, avec des phrases-type à prononcer... des propositions commerciales à enchaîner de façon standardisée. La borne du «prêt à parler», du «prêt à penser», du «prêt à digérer» est franchie: une pétition contre ces méthodes a été signée par tout le monde.
Pour les usagers parisiens, ces évolutions ne sont pas sans effet. Par exemple, la nouvelle consigne est de ne plus examiner les prélèvements en attente pour les titulaires de comptes, ce qui peut conduire à des rejets pour les personnes en situation financière fragile. C'est une consigne que nous n'appliquons pas: quand un prélèvement arrive alors que le compte n'est pas encore approvisionné, mais va l'être dans les jours qui suivent, nous «décodons» le prélèvement pour qu'il puisse être payé sans rejet. Mais cette tâche n'est plus jugée rentable pour la direction: entre autres, s'il y a rejet, le «client» est taxé de 7,60 euros. La Poste gagne donc sur les deux tableaux: gain d'argent sur le dos de l'usager et une tâche en moins permettant de justifier des suppressions d'emplois.
La voie dans laquelle s'engage La Poste est une attaque pour les postiers aussi bien que pour les usagers: une raison de résister pour le personnel de Paris-Bretagne.