Belgique : La lutte à AGC-Automotive24/02/20052005Journal/medias/journalnumero/images/2005/02/une1908.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Belgique : La lutte à AGC-Automotive

Après 80 jours de grève, 350 grévistes d'AGC-Automotive (vitrages automobiles) à Fleurus ont rejeté le projet d'accord proposé par la direction et les conciliateurs désignés par la ministre du Travail.

Les travailleurs ont été stupéfaits et indignés en découvrant les exigences de la direction. Celle-ci propose le maintien de 249 licenciements (sur 840 salariés), que 60 autres salariés «en probation» soient soumis à évaluation mensuelle, et la levée de la protection légale des délégués syndicaux. La direction veut acheter cette protection, qui équivaut à quatre années d'indemnités par délégué, pour avoir les mains libres. Si elle se montre prête à mettre le prix pour se débarrasser d'une opposition syndicale, elle ne concède que le minimum légal pour les autres travailleurs qui perdraient leur emploi, soit 15000 euros brut en moyenne.

Il y aurait aussi perte de la garantie salariale. La nouvelle organisation du travail va entraîner de nombreuses mutations de postes, et la direction veut lier le salaire à la fonction, y compris si cela entraîne une baisse de revenu. De plus, la direction prévoit de faire appel à un audit externe pour établir une nouvelle classification salariale, et les travailleurs craignent que cela soit prétexte à une seconde baisse des salaires. Enfin, les effectifs seraient réduits sur chaque ligne: une équipe de sept personnes étant par exemple ramenée à cinq, soit 30% d'augmentation de la charge de travail.

Les conciliateurs sociaux avaient exigé un vote à bulletin secret. Les grévistes ont alors décidé de laisser entrer la presse dans leur assemblée pour qu'elle assiste aux votes: pour ou contre le vote à bulletin secret? Pour ou contre le plan de la direction? L'assemblée des grévistes a voté deux fois «contre», à main levée, et à l'unanimité, rejetant ainsi le plan. La presse a présenté cette procédure comme une «manipulation», permettant «à une minorité de prendre l'usine en otage». Quel dommage que les micros des journalistes ne puissent enregistrer les cadres et les contremaîtres qui, sur l'ordre de la direction, téléphonent à chaque salarié pour l'amener à reprendre le travail, parfois sous la menace de se retrouver «sur la liste» en cas de refus!

De leur côté, les travailleurs non grévistes (135 ouvriers sur 600) sont à ce point dégoûtés des cadences de travail imposées par la direction que certains confessent à leurs familles qu'ils souhaitent «que ceux qui sont restés dehors l'emportent».

La grève dure et les travailleurs se rendent compte de la difficulté de faire plier la multinationale Asahi Glass, qui possède plusieurs sites de production en Europe, par le seul blocage de l'usine de Fleurus. Mais l'arrogance et l'ampleur des attaques patronales pourraient peut-être ressouder grévistes et non-grévistes. Et surtout, ce qui pourrait donner du poids à la lutte des travailleurs d'AGC, serait de faire entendre aux travailleurs des autres entreprises qu'eux aussi pourraient être concernés par l'issue de l'affrontement.

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