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- Lutte ouvrière n°1907
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Française de Mécanique - Douvrin (Pas-de-Calais) : Une fabrique de... profits pour PSA et Renault
La Française de Mécanique, filiale de Renault et Peugeot, fabrique des moteurs pour ces deux firmes mais aussi pour Ford et bientôt BMW. Nous sommes actuellement 4600, dont 250 intérimaires. En janvier 2003, nous étions 5500, dont près de 800 intérimaires, mais à cette date, Renault et Peugeot ont décidé de fermer progressivement la fonderie.
À l'époque, la direction avait clamé partout dans la presse: "Il n'y aura aucun impact sur l'emploi grâce à l'arrivée d'un nouveau moteur PSA/BMW."
Aujourd'hui, la fonderie n'est pas encore complètement fermée et déjà tous les emplois qu'elle représentait (environ 800 personnes) ont disparu par suppression des intérimaires et non remplacement des départs en retraite. C'était juste après la fermeture de la fonderie Métaleurop, située tout près, et il fallait bien faire des déclarations rassurantes sur l'emploi, que les médias et les dirigeants politiques locaux ont fait semblant de croire!
Les salaires, qu'on nous présente comme les meilleurs des environs, sont pourtant bien bas: 1100 euros par mois par exemple pour un jeune cariste posté. Il faut avoir plus de vingt ans d'ancienneté pour approcher les 1400 euros par mois, à condition d'être toujours en équipe. L'an passé, la direction a supprimé le versement de la participation aux bénéfices (environ 1000 euros) en prétextant que la fermeture de la fonderie créait un surcoût et que c'était donc à nous d'en supporter les conséquences.
Depuis l'accord sur les 35heures, accord "gagnant-gagnant" comme disait la direction et que tous les syndicats sauf la CGT ont signé, la flexibilité est devenue notre quotidien. Dernière illustration, suite à un incendie aux Fonderies du Poitou, environ 500 travailleurs fabriquant des moteurs pour Renault ont subi huit à neuf jours non travaillés. C'est donc autant de samedis obligatoires à rattraper durant les semaines qui viennent que la direction se prépare à imposer.
Des semaines de travail de six jours sur sept, c'est insupportable vu la pénibilité du travail. Il serait pourtant facile à la direction d'organiser le rattrapage de sa sacro-sainte production en reprenant les ouvriers intérimaires qu'elle a jetés à la rue et qui n'ont pour la plupart pas de travail. Renault pourrait payer ces jours non travaillés avec les 3,5 milliards de profits, en augmentation de 43% par rapport à l'année passée, qui viennent d'être annoncés.
En juillet 2004, la direction a été condamnée par le tribunal correctionnel de Béthune à 10000 euros d'amende pour un accident mortel survenu en septembre 2002 à la fonderie. Elle n'a toujours pas affiché le jugement comme la loi l'exige. Maintenant, elle essaye de se couvrir: en septembre, un travailleur a été quasiment scalpé par un portique sur une chaîne d'usinage des carters. La direction a aussitôt mis un avertissement à toute la ligne hiérarchique y compris... au blessé!
Les maladies professionnelles augmentent, notamment les maladies respiratoires dues à la silicose (fonderie) et à l'amiante. Pour cinq maladies professionnelles déclarées en 1998, on en était à 42 en 2003.
Dans la région, le chômage est très élevé, alors les patrons se croient peut-être encore un peu plus tranquilles qu'ailleurs. On a hâte de les détromper.