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Leur société
Un an après...les chercheurs à nouveau dans la rue
Le 4 février, plusieurs milliers de chercheurs, mais aussi quelques ingénieurs et techniciens, ont défilé à Paris, de Jussieu au ministère, pour protester contre la politique du gouvernement dans le domaine de la recherche. D'autres rassemblements ont également eu lieu en province. Cette mobilisation s'est faite rapidement, en quelques jours à peine... Les motifs de mécontentement ne manquent pas!
Il y a un an déjà, des manifestations et la signature massive d'une pétition intitulée «Sauvons la recherche» avaient contraint le gouvernement à reculer. Il avait dû accorder plusieurs centaines de postes, tant de chercheurs que de personnel technique, et débloquer les crédits qu'il avait gelés au cours des deux années précédentes. Mais rien n'était résolu sur le fond et il avait posé comme condition que les chercheurs s'associent à une réflexion en vue de «réformer le système de recherche français»... Nombreux sont ceux qui, bien souvent en toute bonne foi, s'y sont mis.
Pendant huit mois, des débats ont donc eu lieu dans les laboratoires et dans les universités et ont abouti à la tenue d'États généraux de la recherche à Grenoble. Parmi les propositions élaborées par les chercheurs pour améliorer le système de recherche, il y avait une augmentation des crédits aux laboratoires, permettant aux chercheurs de faire leur travail, et une augmentation du nombre de postes de chercheurs... Tout le contraire des choix du gouvernement.
Ce qui a mis le feu aux poudres cette fois-ci, c'est la publication, à la suite semble-t-il d'une indiscrétion, d'un projet de loi d'orientation et de programmation de la recherche et de l'innovation (LOPRI). Ce projet est considéré comme inacceptable par la majorité des travailleurs de la recherche. Il organise la mise à disposition des intérêts privés des laboratoires de recherche publics... Un bon moyen, au passage, de faciliter les licenciements et les suppressions de postes dans les laboratoires de recherche du privé, puisque le travail serait en partie fait par les chercheurs du public, avec l'argent public. Autre cadeau au patronat: une grande partie des crédits soi-disant affectés à la recherche seraient en réalité des crédits impôts-recherche, en clair: des subventions au patronat sous forme de remises d'impôt.
Ce projet prévoit également le développement massif des embauches sur contrats à durée déterminée et un pilotage de la recherche, de plus en plus autoritaire, en fonction des intérêts à court terme de l'industrie privée.
C'est donc tout le contraire de ce que veulent les chercheurs. Pour le moment, la mobilisation dans les laboratoires n'en est encore qu'à ses débuts. Une nouvelle pétition vient d'être lancée et d'autres manifestations sont à prévoir... Il se pourrait bien que, cette année encore, le gouvernement soit obligé de reculer et de remiser sa... LOPRI là où est sa vraie place: dans la poubelle.