Au moment du retour de De Gaulle au pouvoir, en 1958, ses fidèles n'avaient que mépris pour les présidents de la Quatrième république, dont le rôle se bornait, disaient-ils, à «inaugurer les chrysanthèmes».

Chirac n'inaugure effectivement pas les expositions florales. Mais, comme il préfère que Raffarin récolte à sa place l'impopularité de la politique menée sous sa présidence, et avec sa bénédiction, il lui faut bien essayer de donner à la presse des raisons de dire du bien de lui. Il est donc devenu le spécialiste des appels en tous genres: contre le cancer, contre la disparition des espèces animales menacées, contre la destruction de la forêt équatoriale, pour l'accès des handicapés à tous les lieux publics, etc., etc., sans jamais évidemment faire quoi que ce soit pour empêcher les industriels de saccager la planète, ni libérer les fonds qui seraient nécessaires pour atteindre ces objectifs.

Mais comme cela ne suffisait pas à satisfaire sa boulimie d'activité, il est en plus devenu un professionnel des hommages posthumes, aucune célébrité ne pouvant disparaître sans qu'il en célèbre les mérites, et des messages de félicitations à l'intention des sportifs.

À l'occasion du record du tour du monde à la voile que vient d'établir Ellen Mac Arthur, il est même allé piétiner les plates-bandes de la reine d'Angleterre, en se désolant sans doute de ne pas pouvoir, comme celle-ci, accorder lui aussi un titre de noblesse à la hardie navigatrice.