Quand Chirac défend la nature : L’arbre qui cache la forêt09/02/20052005Journal/medias/journalnumero/images/2005/02/une1906.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Quand Chirac défend la nature : L’arbre qui cache la forêt

Chirac s'est rendu le 5 février à Brazzaville, au Congo, pour assister au sommet de l'Afrique centrale sur les forêts, prévu pour traiter de la sauvegarde de la forêt équatoriale menacée. Il a incité les huit chefs d'État de la région à «agir et agir vite pour préserver ce bassin forestier, le deuxième au monde après l'Amazonie et qui est un réservoir unique de biodiversité».

Chirac a dénoncé la déforestation massive, responsable chaque année de l'abattage de 800000 hectares de forêt, et a accusé la croissance démographique et le développement économique. C'est vrai que le bois représente la troisième richesse de ces pays africains, parmi les plus pauvres de la planète, après le pétrole et les métaux précieux. Mais reprocher à ces pays pauvres et à leurs habitants d'utiliser les richesses de leur sol pour vivre un peu moins mal, revient à dédouaner le système économique capitaliste qui les réduit à la misère.

On abat des arbres en Afrique, entre autres parce qu'en Europe -plus de 50% des importations mondiales- et dans les autres pays riches, il y a des acheteurs de bois exotiques. Ce ne sont pas les paysans africains, c'est l'exploitation à grande échelle, avec les techniques industrielles les plus modernes, qui menace les forêts d'Afrique. Et ce sont des sociétés capitalistes, entre autres françaises (Bolloré par exemple) puisque la France est le premier importateur de bois exotiques, qui s'enrichissent en pillant la forêt. Elles ne reculent devant aucun moyen pour répondre aux besoins de leurs clients, industriels intéressés par les qualités de ces bois ou particuliers séduits par leur esthétique. Les coupes, parfois illégales, sont organisées à grande échelle, faisant appel à des trafiquants qui mettent en place des chantiers d'abattage et se chargent du transport vers les ports, avec ce que cela sous-entend de fraude et de corruption.

Chirac a demandé le renforcement des contrôles douaniers dans les ports africains, comme dans les ports européens ou américains. Il a proposé la mise en place d'un système de traçabilité des bois et d'une surveillance des concessions par satellite: des promesses dont il n'a même pas pris la peine de donner une date de mise en application, tant elles paraissent difficiles à réaliser et tant leur coût est élevé. Par contre dans le domaine qui relève directement de ses pouvoirs, à savoir les commandes de bois tropicaux par l'État français, il a promis leur arrêt en... 2010. Comme il le dit: «Il faut agir et agir vite»...

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