Israël-Palestine : Après la rencontre de Charm el-Cheikh, la paix est encore loin09/02/20052005Journal/medias/journalnumero/images/2005/02/une1906.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Israël-Palestine : Après la rencontre de Charm el-Cheikh, la paix est encore loin

Avant même qu'une quelconque mesure ait été prise au sommet israélo-palestinien qui s'est ouvert le mardi 8 février à Charm el-Cheikh en Égypte, la rencontre était déjà présentée comme une reprise d'un nouveau processus de paix, le précédent n'ayant en fait été qu'un ensemble d'illusions derrière lequel l'expansionnisme israélien n'avait cessé de s'étendre.

Et nombre de commentateurs de reprendre maintenant les mensonges de Sharon présentant Arafat, le défunt président de l'Autorité palestinienne, comme ayant été le principal obstacle à la paix, occultant ainsi les responsabilités des gouvernants israéliens dans la révolte qui depuis plus de quatre ans a embrasé les Territoires occupés de Cisjordanie et de Gaza.

Pour l'heure, et autant que l'on puisse en juger à partir des premières déclarations tenues par les représentants des deux camps, cette rencontre ne tranche absolument pas sur les autres rencontres qui eurent lieu dans le passé, et elles furent nombreuses.

Pour n'en citer qu'une seule, citons celle qui eut aussi lieu à Charm el-Cheikh, mais en 1999. Le calendrier des négociations, qui devaient «ouvrir la voie à des négociations de paix définitives entre Palestiniens et Israéliens», comprenait entre autres, et comme aujourd'hui, un retrait partiel des armées israéliennes de zones devant être confiées à l'Autorité palestinienne, la création d'un comité mixte pour suivre la question des prisonniers palestiniens. Il fut discuté aussi à l'époque de la construction d'un port à Gaza, de la réouverture du marché d'Hébron... Depuis, le marché d'Hébron a été détruit et le port de Gaza jamais construit. Quant aux autres points, le refus systématique d'Israël de mettre en oeuvre des mesures adoptées parfois depuis des années a toujours été la principale cause de la continuation du conflit.

Et même encore aujourd'hui, quand Sharon annonce la fin des opérations militaires, il demande d'abord à voir. «Au cours de ma rencontre avec M. Abbas, a dit Sharon, nous sommes tombés d'accord pour que les Palestiniens cessent tous les actes de violence contre Israël partout et, parallèlement, Israël cessera ses opérations militaires.» Les Palestiniens doivent donc s'exécuter sur-le-champ, tandis que pour Israël c'est dans le futur que les décisions surviendront.

Pour le reste il en est de même. Le gouvernement israélien n'annonce pas la fin des check-points qui rendent invivable la vie des Palestiniens, mais seulement «l'assouplissement des contraintes militaires et policières sur les déplacements des Palestiniens». D'autre part, Israël a annoncé qu'il ne procéderait à l'évacuation des avant-postes de colons, qui prolifèrent en Cisjordanie, qu'une fois effectué le désengagement de Gaza et de quatre petites colonies dites «légales» de Cisjordanie. Et, comble de cynisme, le gouvernement israélien a annoncé ce gel alors même que la nouvelle chef de la diplomatie américaine, Condoleeza Rice, lui demandait hypocritement de «continuer à prendre des décisions difficiles».

Il y a aussi bien sûr en discussion le sort des prisonniers palestiniens en Israël. Ils sont au nombre de 8000 et vivent dans des conditions difficiles, et bien souvent déplorables. Le gouvernement Sharon ne veut en libérer que 900, et encore, selon ses propres critères. Il s'agirait, soit de prisonniers qui ont presque fini leur condamnation, soit de prisonniers administratifs, c'est-à-dire qui ne sont ni accusés, ni condamnés. Ils sont 1200 dans ce cas. Alors même que le gouvernement de Sharon entend imposer ses choix quant à la libération des prisonniers palestiniens, un officier de l'armée israélienne qui, lors d'un contrôle dans la bande de Gaza avait tiré vingt balles à bout portant sur une fillette de treize ans, vient d'être blanchi et libéré.

Deux poids, deux mesures. Ce n'est pas ainsi que les conditions de la paix seront réunies. Et pour ceux qui pensent que le second gouvernement Bush aux États-Unis pourrait exercer de salutaires pressions sur son allié israélien, c'est Rice qui répond en annonçant la nomination d'un général américain «afin de prêter assistance aux Palestiniens dans le domaine sécuritaire»: autrement dit, pour que les nouveaux dirigeants de l'Autorité palestinienne veillent eux-mêmes à la répression de tout acte de résistance dans leur propre camp. C'est en quelque sorte la même politique que les gouvernants israéliens et leurs alliés ont toujours voulu imposer aux Palestiniens, sans même que ceux-ci soient assurés d'une véritable contrepartie.

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