A La Roche-sur-Yon, en Vendée, le directeur d'un foyer pour femmes enceintes et jeunes mères «en détresse» a été mis en examen pour viols aggravés et harcèlement sexuel, à l'encontre de pensionnaires et de membres du personnel. Huit victimes ont à ce jour été déclarées, dont une fillette de quatre ans.

Outre l'indignation que suscite cette révélation, en particulier lorsqu'on pense à la situation morale et matérielle des pensionnaires d'un tel centre, l'histoire de la Maison d'Ariane et de sa fondation par l'AVAVPF, l'Association Vendéenne pour l'Accueil de la Vie et la Promotion de la Famille -dénomination qui ne cache pas son parti pris contre la loi Veil - laisse songeur. Ouvert en 1996 avec le soutien du Conseil général de Vendée et de son président Philippe de Villiers, ce centre est censé «promouvoir une culture de vie reposant sur la conviction que la vie est sacrée et inviolable dès la conception jusqu'à la mort naturelle», autrement dit se voulait une sorte de centre anti-IVG.

Prévu pour héberger huit pensionnaires, le centre avait déjà mis en évidence depuis des années son acception pour le moins réactionnaire de «l'accueil»: conditions de vie humiliantes, travail forcé, culpabilisation morale des futures jeunes mères qui avaient «fauté»... Rien parmi les témoignages des anciennes pensionnaires victimes de ces situations n'empêcha le Conseil général de Vendée de continuer à dispenser l'argent public à la Maison d'Ariane, la DDASS préférant ignorer l'affaire et le parquet la classer sans suite.

Ce cortège de complaisances aura finalement laissé le champ libre aux pires agissements contre des jeunes femmes fragilisées. Et lorsqu'on apprend que le directeur du centre, malgré ce dont il est accusé, a été remis en liberté, on a l'impression que ce n'est pas fini.