Pouvoir d'achat : Salaire à la traîne des fonctionnaires, comme pour le secteur privé27/01/20052005Journal/medias/journalnumero/images/2005/01/une1904.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Pouvoir d'achat : Salaire à la traîne des fonctionnaires, comme pour le secteur privé

L'augmentation de leurs salaires est une des revendications qui a été au coeur de la mobilisation des fonctionnaires le 20 janvier dernier. Les syndicats de la fonction publique expliquent que le pouvoir d'achat des fonctionnaires a diminué de 5% depuis 2000, sous l'effet conjugué du blocage des salaires et de la hausse des prix.

Pour 2005, le gouvernement propose 1% d'augmentation générale, soit 0,5% de hausse du point d'indice au 1er février et la même chose au 1er novembre suivant (ce qui, sur l'année, ne fait que 0,54%, et non pas 1%!). Il prétend que le pouvoir d'achat des fonctionnaires, loin d'avoir régressé, aurait au contraire progressé grâce aux promotions individuelles et autres mécanismes catégoriels.

Le gouvernement se base sur un "salaire moyen" des fonctionnaires qui aurait, prétend-il, augmenté ces dernières années davantage que la hausse des prix. Mais derrière cette moyenne qui ne signifie rien de concret, il y a la situation des centaines et des centaines de milliers d'agents de la fonction publique qui n'ont bénéficié d'aucune mesure individuelle et dont les salaires sont uniquement tributaires des augmentations générales, dérisoires voire nulles, de ces dernières années.

Par ailleurs, il suffit qu'une catégorie aux très bas salaires disparaisse des effectifs pour que la moyenne générale augmente, sans autre miracle que celui du calcul mathématique des moyennes. Les syndicats citent aussi la revalorisation dont quelques catégories, les policiers en particulier, ont bénéficié dernièrement, et qui tend à augmenter la moyenne.

Les arguties avancées par le gouvernement sont comparables à celles du patronat du secteur privé pour justifier l'inexistence ou la faiblesse d'augmentations générales par les promotions individuelles. Mais pour qu'on s'y reconnaisse mieux, pourquoi ne pas considérer les augmentations générales qui, s'appliquant à tous de la même façon, ont, elles, le mérite de la clarté?

Les travailleurs du secteur public et du secteur privé sont logés à la même enseigne. Dans la fonction publique, il existe des centaines de milliers de travailleurs qui ont un salaire avoisinant le smic. En 1981, le salaire d'embauche d'un jeune enseignant de collège et de lycée représentait 2,07 fois le Smic. Aujourd'hui, même si assez rapidement il n'en reste pas à ce niveau, il ne représente plus que 1,25 fois celui-ci.

Dutreil, le ministre de la Fonction publique, après avoir affirmé que "les syndicats demandent de rattraper la perte de pouvoir d'achat de trois années du gouvernement Jospin et celle des années 2003 et 2004, soit environ 10 milliards d'euros", a déclaré: "C'est irréaliste, hors de portée de n'importe quel gouvernement!"

Hors de portée? Mais, selon la CGT, le total prévu des exonérations patronales pour 2005 s'élève à 18 milliards d'euros.

Comme le disait un slogan de la manifestation des fonctionnaires du 20 janvier: "De l'argent il y en a dans les poches du patronat, il y en a même plus qu'en 2003". Et d'ajouter: "On va aller le chercher". Bonne idée, en effet.

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