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La Poste - Paris 17 : Un recul de la direction
Au bureau de poste principal de Paris 17, le mercredi 19 janvier et les jours suivants nous avons reconduit la grève, commencée le 18 lors de la journée d'action des postiers.
En effet, il y a quelques semaines, la direction a annoncé à Paris 17 une réorganisation qui devrait se mettre en place le 18 avril et qui se traduirait principalement par la suppression d'une quarantaine d'emplois (dont 25 tournées de facteur sur les 196 actuelles). Cette réorganisation fait partie d'un plan qui touche à tour de rôle tous les bureaux parisiens.
Pour la direction, ces suppressions devaient se faire par la non-reconduction des contrats à durée déterminée pour certains de nos camarades contractuels, par les mutations forcées de certains d'entre nous qui sont en contrats à durée indéterminée et par le non-remplacement de ceux qui vont partir à la retraite prochainement. La charge de travail restant la même, pour que le travail soit fait quand même, La Poste voulait nous faire travailler plus souvent le samedi en revenant sur le repos un samedi sur deux et supprimer une partie des jours ARTT. Le mécontentement était donc important dans tous les services du bureau.
Ainsi le 18 janvier nous étions 250 grévistes, soit 70% du personnel prévu. Cela ne s'était pas vu depuis très longtemps. Le lendemain, alors qu'un préavis de grève "illimité" à compter du 19 pour le bureau de Paris 17 avait été déposé quelques jours auparavant par l'ensemble des syndicats, nous étions 170 à reconduire la grève. Tous les matins suivants, la plupart des grévistes sont restés devant la porte du bureau puisque la direction filtrait les entrées.
Les syndicats ont choisi de mettre en avant la revendication du maintien du repos un samedi sur deux et c'est cette revendication qui a été le plus souvent scandée. Mais la question des suppressions d'emplois était dans la plupart des têtes, même si cela n'était pas clairement exprimé.
Nous avons été rejoints le mercredi dans la cour de la direction par une dizaine de grévistes du bureau de poste de Paris 11, puis de nouveau le lendemain par ces derniers, accompagnés de grévistes de Paris 20. Ils étaient en grève eux aussi contre une restructuration semblable à celle de Paris 17, mettant principalement en avant comme eux la revendication: "Non aux suppressions d'emplois!"
Ils ont été ovationnés à chaque fois, car la plupart d'entre nous comprenaient que plus nous serions nombreux à nous opposer à la politique de La Poste, et plus nous aurions des chances de lui imposer des reculs. Le fait de se retrouver parfois ensemble avec d'autres bureaux a aussi contribué au bon moral de tous.
Le vendredi 21, la direction a fait venir des policiers et des CRS pour que les non-grévistes puissent sortir effectuer leurs tournées. Mais elle n'avait pas compté sur la solidarité, et les non-grévistes, qui pour la plupart avaient participé d'une façon ou d'une autre au mouvement dans les jours précédents, ont refusé de sortir tant que la police serait là, et ce malgré les menaces de sanction. Les policiers et les CRS ont fini par partir, sous les cris de joie des grévistes et des non-grévistes, et personne n'est sorti! Voir les mines déconfites des directeurs et des cadres était une sorte de cerise sur le gâteau.
La grève en est donc sortie renforcée, nous n'avons pas repris le travail le samedi. Lundi 24 janvier, nous étions encore nombreux à poursuivre la grève.
Lors de négociations, la direction s'est engagée à embaucher en CDI la plupart des CDD qui le souhaiteraient et a renoncé à la remise en cause du repos un samedi sur deux pour ceux qui l'ont aujourd'hui. C'est dans ces conditions que, le lendemain mardi, nous avons repris le travail.
Bien sûr, la direction n'a pas reculé sur l'essentiel des suppressions d'emplois et il faudra bien qu'un jour nous réussissions à donner un coup d'arrêt à la politique d'ensemble de La Poste, qui consiste à supprimer dans tous les services des emplois par milliers. Reste que les grévistes étaient contents d'avoir fait reculer en partie la direction, qui était pleine de mépris au début du conflit, et cela est encourageant.