La Poste - Banque postale : Tout à craindre pour le personnel et les usagers27/01/20052005Journal/medias/journalnumero/images/2005/01/une1904.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

La Poste - Banque postale : Tout à craindre pour le personnel et les usagers

La loi de régulation postale qui vient d'être votée prévoit la création d'une banque postale qui remplacera les services financiers de La Poste. Cette décision est lourde de menaces, aussi bien pour les employés de ces services financiers que pour les usagers aux revenus les plus faibles.

Actuellement, ces services financiers gèrent les comptes chèques postaux (CCP), les livrets d'épargne A et B, ainsi qu'un certain nombre de produits comme l'épargne logement, des CODEVI ou des SICAV. Mais bon nombre d'autres opérations bancaires leur étaient jusque-là interdites. C'est ce qui va changer avec cette banque postale, avec pour commencer la possibilité de faire des prêts au logement sans épargne préalable. Etant désormais en concurrence avec les autres banques, on peut prévoir que la future banque postale ne tardera pas à privilégier, comme ces dernières, la fraction la plus aisée de sa clientèle, ayant l'envie et les moyens d'acheter ces produits financiers.

Or jusqu'à présent les bureaux de poste étaient, pour les plus démunis, en particulier pour ceux qui touchent des petites allocations comme le RMI, le seul moyen de pouvoir toucher leur argent, ou même une partie de la somme, pour n'avoir pas trop sur eux. Beaucoup utilisent un livret A comme d'autres un compte courant, ou comme une sorte de "porte-monnaie". Une fois devenus une "banque" comme les autres, les services financiers de La Poste ne tarderont pas à imiter leurs concurrentes, en écartant des clients qui ne leur rapportent pas assez, et qui leur coûtent trop en multipliant les petites opérations.

Cette perspective est d'autant plus prévisible que l'établissement de crédit postal, comme la loi désigne la future banque, sera une filiale de La Poste, ouverte aux capitaux privés. Bien sûr, le gouvernement précise que la part de l'État ne pourra descendre en dessous de 51%. Les salariés de France Télécom avaient entendu en leur temps cette même chanson. Le patronat bancaire, lui, ne s'y trompe pas. Il a longtemps fait pression contre la création de cette banque postale, inquiet de l'arrivée d'un concurrent, ayant de plus à sa disposition le réseau que constituent les bureaux de poste, bien plus présent sur le territoire. Mais puisque cette banque postale va de toute façon voir le jour, il en réclame déjà le contrôle. "La seule vocation de la banque postale à l'avenir est d'être privatisée", a déclaré sur LCI le président de la Fédération française bancaire.

Le personnel des services financiers a là de quoi s'inquiéter. Certes, La Poste n'a pas attendu la nouvelle loi pour fermer des centres de chèques postaux, tout comme elle supprime allégrement des bureaux de poste ou des centres de tri du courrier. Au cours des dix dernières années, les effectifs des CCP sont passés de 32000 à moins de 20000 personnes aujourd'hui. Mais dans la course à la rentabilité et à la privatisation qui s'engage, la création de la banque postale risque fort de se traduire par une aggravation des conditions de travail et par de nouvelles réductions d'effectifs. Un rapport de la Cour des comptes précise que, pour le même travail, les banques privées n'emploient que 7500 personnes, contre près de 20000 à La Poste, et déplore le manque de rentabilité de cette dernière.

Loin d'être une simple réorganisation économique destinée à autoriser La Poste à faire quelques opérations bancaires de plus, comme voudrait le faire croire le gouvernement, la création de cette banque postale s'annonce comme une offensive aussi bien contre le personnel que contre les usagers les moins fortunés.

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