Irak : Des élections coûte que coûte27/01/20052005Journal/medias/journalnumero/images/2005/01/une1904.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Irak : Des élections coûte que coûte

À cinq jours de la date officielle des élections législatives en Irak, censées se tenir le dimanche 30 janvier, la prétendue "campagne électorale" a elle aussi plongé dans ce qui constitue le quotidien de l'Irak: le chaos.

Car les attentats et les affrontements armés restent les faits dominants de la vie politique irakienne: un soldat américain a encore été tué lundi 24 janvier dans l'explosion d'une bombe à Bagdad et onze policiers irakiens lors de violents combats dans l'est de la capitale, mardi 25.

Parmi les factions hostiles au scrutin, les islamistes du groupe d'Abou Moussab al-Zarqaoui ont menacé d'abattre les électeurs qui se rendront aux urnes: "Les snipers entraînés seront prêts à abattre les apostats qui se rendront dans les repaires électoraux", a-t-il déclaré.

Indépendamment de ces menaces, des dissensions sont apparues parmi certains candidats qui, a priori, envisageaient de se présenter aux élections. Ainsi, ceux du Front unifié arabe, qui regroupait des formations sunnites et chiites dans un front électoral à Kirkouk, ont finalement renoncé à se présenter.

Du coup, certains se demandent si même il y aura des élus de la minorité sunnite, tandis que du côté chiite, pourtant majoritaire, on n'est plus si sûr du résultat. Ainsi, même parmi ceux qui jouent le jeu de la consultation électorale, le ministre des Finances, Adel Abdel Mahdi, un chiite candidat sur la Liste unifiée irakienne, déjà annoncée comme la gagnante des élections, a déclaré sa crainte "des opérations de fraude électorale".

D'autres se plaignent que les observateurs de l'ONU ne seront pas en mesure de surveiller partout les élections et que de toute façon, du fait même de la situation chaotique du pays, il est bien difficile de dire qui votera et où.

Plus on se rapproche de l'échéance fixée par les États-Unis, plus la campagne électorale apparaît comme une triste farce. Pour des "raisons de sécurité", les noms des candidats n'auront pas été publiés par la commission électorale avant le mardi 25 janvier. Pour protéger ces candidats, ils seront donc restés quasi inconnus des électeurs, vu le peu de temps restant alors avant le vote!

À toutes ces objections et remarques qui pleuvent sur cette caricature d'élection, les autorités américaines d'occupation répondent en minimisant.

En réalité, les dirigeants américains savent bien que ces élections n'en auront que l'apparence. Mais l'important pour Bush, qui lors de sa réinvestiture a répété à l'infini qu'il luttait pour la liberté, est de pouvoir redire qu'il a ramené "la démocratie en Irak".

Pour Washington, il s'agit à la fois de donner un semblant de légitimité à la présence de ses troupes sur place, et en même temps de conforter le camp de Bush sur le plan intérieur.

Et qu'importe pour ce dernier si, après ce simulacre d'élections, la situation de l'Irak reste dominée par une violence continuelle, par la dégradation de la situation de la population, avec la continuation d'une occupation militaire de plus en plus haïe.

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