De l'amiante aux fibres céramiques : Pour l'industrie...et pour les cancers27/01/20052005Journal/medias/journalnumero/images/2005/01/une1904.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

De l'amiante aux fibres céramiques : Pour l'industrie...et pour les cancers

Les "fibres céramiques réfractaires", les FCR, font partie des matériaux d'isolation utilisés par l'industrie pour remplacer l'amiante, désormais totalement interdite, après des dizaines d'années où ses conséquences désastreuses pour la santé humaine étaient connues et son utilisation ni interdite ni même contrôlée.

3000 morts chaque année sont le résultat dramatique de ce gigantesque crime. Crime, car les industriels, qui produisaient l'amiante ou qui l'utilisaient à grande échelle, connaissaient ses dangers.

Alors maintenant que les industriels utilisent de nouveaux matériaux pour un usage équivalent à celui de l'amiante, les associations regroupant les victimes de l'amiante ne font plus confiance, ni aux patrons ni même aux pouvoirs publics, quand la santé publique est en cause. Et on comprend pourquoi.

Elles réclament, depuis plusieurs années, des mesures concrètes concernant les fibres céramiques réfractaires, pas très nettes non plus.

Ces fibres, des composés de silicates d'aluminium, sont utilisées déjà depuis une cinquantaine d'années dans les hauts fourneaux, ou pour le calfeutrage industriel des fours et des chaudières industriels. Leur utilisation a certes été restreinte, car ces fibres présentent, comme l'amiante, des dangers pour la santé humaine: c'est également une substance cancérigène, et chez les ouvriers en contact avec cette substance, des maladies respiratoires ont été constatées. Les organismes officiels la considèrent comme une substance dangereuse et les fibres céramiques réfractaires sont interdites pour la fabrication d'appareils destinées au public.

Par contre, la protection des salariés en contact avec ces substances dangereuses -ils sont environ 20000 en France- n'est pas suffisamment prise en compte. D'abord, leur utilisation, lorsque des matériaux de substitution existent, n'est pas interdite. Ainsi, plus de 12000 tonnes de ces fibres sont utilisées en France chaque année, le quart de ce que consomme l'Europe. L'élimination des déchets liés à ces fibres n'est pas contrôlée, l'étiquetage n'est pas normalisé et les maladies consécutives à l'exposition ne sont pas incluses dans le tableau des maladies professionnelles.

Pourtant, en mars 2003, Fillon, alors ministre des Affaires sociales reconnaissait qu'en deçà de 1200 C°, d'autres isolants moins dangereux, en particulier les laines minérales peuvent être généralement utilisées: il n'a cependant rien fait pour imposer cet usage.

Et quand les associations réclamaient d'instituer une valeur limite de FCR dans l'air, identique à celle de l'amiante, il répondait: "La révision de cette valeur limite d'exposition professionnelle est une des priorités actuelles de travail du ministère. Les fibres céramiques réfractaires font en effet partie de la première liste des substances pour lesquelles la valeur limite d'exposition professionnelle doit être révisée". Depuis, cette "priorité" en est restée au même point.

La mort de dizaines de milliers de victimes de l'amiante, la douleur de leurs familles, n'ont rien appris à un ministre. Même pas à se soucier réellement et durablement de la santé publique.

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