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Maroc : Verdict révoltant contre des mineurs et militants syndicaux
Le 13 janvier a eu lieu à Ouarzazate la troisième audience du procès des treize travailleurs, douze ouvriers des mines de manganèse d'Imini et un militant syndicaliste, Mohamed Khouya, ce dernier poursuivant une grève de la faim depuis le 29 décembre. Un verdict y a été rendu: 10 ans de prison ferme pour cinq d'entre eux, sursis et amende de 1000 dirhams pour le sixième; les sept autres mineurs sont acquittés.
Ce procès fait suite à un mouvement de grève contre la diminution de salaire de 50% qui leur avait été imposée en octobre 2002 par la SACEM (Société anonyme chérifienne d'études minières), dont 42,99% des actions appartiennent à l'État. En avril 2004, au cours de ce mouvement, après plus de dix-huit mois de manifestations, la direction de la SACEM, appuyée par les autorités locales, avait organisé un groupe de 120 briseurs de grève, en recrutant pour l'occasion des chômeurs et des journaliers sous prétexte de les emmener en autocar sur un tournage de film. Les affrontements provoqués par cette initiative patronale s'étaient soldés par des blessés et des arrestations. De plus, un ouvrier recruté dans le cadre du commando avait été blessé, hospitalisé et était décédé le lendemain, dans des circonstances floues liées à son état diabétique. L'accusation a prétendu que des coups sur la tête étaient la cause de sa mort, alors que le dossier médical de l'hôpital contredit cette version des faits.
Toute cette mise en scène de la direction avait pour but de faire brutalement cesser le mouvement de grève bien légitime des mineurs, mais les poursuites, les arrestations arbitraires, la détention durant de longs mois, se sont exercées contre ces derniers. Le tribunal de Ouarzazate, ainsi qu'en témoignent des camarades des ouvriers et militants condamnés, loin de chercher à faire la lumière sur l'agression des grévistes par la milice recrutée par les patrons de la mine d'Imini, n'a fait qu'aggraver la répression antiouvrière. Les capitalistes qui prospèrent sur les richesses minières du Maroc et sur l'exploitation de la classe ouvrière peuvent être satisfaits, pour l'instant.
Viviane LAFONT
Une pétition de solidarité destinée au gouverneur de la province de Ouarzazate, exigeant, entre autres, «la libération immédiate des six détenus, l'arrêt des poursuites à l'encontre des autres mineurs» et rendant le gouverneur responsable des conséquences de la grève de la faim de Mohamed Khouya, est à adresser à: khouya_mhamed@yahoo.fr.