Les salaires chez Renault20/01/20052005Journal/medias/journalnumero/images/2005/01/une1903.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Les salaires chez Renault

À Renault-Flins, les salaires des ouvriers et leur évolution sont soumis depuis le 1er janvier 2002 aux conditions d'un accord sur «la professionnalisation par la compétence des opérateurs de production» signé par tous les syndicats sauf la CGT.

Cet accord accorde une importance de plus en plus grande aux connaissances générales (français, maths) qui deviennent les conditions obligatoires pour accéder à une meilleure paye.

Depuis cette nouvelle réglementation, à l'embauche, pour un même travail, les coefficients sont plus bas que ceux attribués auparavant. Du coup le salaire a baissé. Le salaire minimum de base à l'embauche (hors primes) est de 1200 euros brut au lieu de 1278 euros si l'ancien système avait été maintenu.

Les délais de passage d'un coefficient à l'autre ont également été aggravés et il faut par exemple quatre ans et demi après l'embauche pour espérer devenir P1 contre 18 mois auparavant. Quant à devenir P2, très peu d'ouvriers le peuvent: en 2003 à peine 20 sur les 1400 travailleurs qui n'ont pas cette qualification. Le P3 de fabrication, lui, est inaccessible pour la quasi-totalité des ouvriers de fabrication.

Pour travailler en chaîne, un CAP au minimum est désormais requis. Pour ceux qui n'ont pas le CAP ou qui ont un CAP qui ne correspond pas à un métier de la métallurgie, Renault propose un contrat de qualification: un C.Q.V.L. En principe c'était à l'origine trois jours de formation et deux jours de travail: le vendredi et le lundi. Dans la réalité, ces travailleurs sont bien souvent à la disposition de la maîtrise toute la semaine.

Renault a créé ces nouveaux contrats en recevant des subventions de l'État sous prétexte de remettre à niveau toute une population de jeunes.

Au bout de neuf mois ils passent un examen équivalant au CAP et sont embauchés, s'ils le réussissent bien sûr, mais aussi s'ils n'ont eu aucun retard, aucune absence, aucun arrêt maladie. Durant leur contrat de qualification, ils touchent net 800 euros par mois alors qu'ils ont trimé sur chaîne pendant ces neuf mois.

Les salariés qui travaillent sur des robots doivent maintenant posséder un bac pro. Et ce n'est qu'au bout de cinq ans au minimum qu'ils peuvent avoir le coefficient qu'ils devraient avoir dès l'embauche.

Les salaires n'augmentent que très peu: les augmentations générales sont de 1,5%, 2% par an. Mais il y a les primes.

Certaines font partie intégrante du salaire (une sorte de «13emois» versé en quatre fois) et sont perçues y compris par les intérimaires de plus en plus nombreux. En revanche ils ne touchent pas un centime sur les quatre primes d'intéressement «établissement» appelées «Flins plus» ni sur les deux primes d'intéressement du groupe Renault.

Il se trouve que ces primes ont augmenté chaque année sur les quatre dernières années. À tel point qu'en 2004, elles finissent par représenter 90% de l'augmentation du revenu de l'année par rapport à 2003, les augmentations de salaires ne représentant que 10%.

Évidemment, selon les années, les montants de l'intéressement sont aléatoires et il y a même eu des années sans aucun versement. D'autre part elles ne sont pas prises en compte dans le calcul des futures retraites, car elles ne sont pas soumises à cotisations sociales et cela représente un manque à gagner pour les organismes sociaux. En 2003 cette perte était en moyenne de 1738 euros par salarié. Autrement dit, ce sont 76472000 euros, si l'on considère l'ensemble des salariés du groupe, qui sont venus grossir le «trou» de la Sécurité sociale et d'autres organismes.

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