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- Lutte ouvrière n°1902
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Dans les entreprises
SCO (filiale Renault) à Creil (60) : Les ex-Chausson face à Renault qui veut les licencier
Le 5 janvier, les quatorze derniers salariés de SCO, filiale mise sur pied par Renault pour reclasser une partie des salariés de Chausson-Creil en 1996, après la fermeture de cette usine, commençaient à recevoir une lettre de convocation pour un entretien individuel le 13 janvier, en vue de procéder à leur licenciement économique. Après une semaine de mobilisation la direction Renault remettait mercredi 12 janvier, la veille des convocations, une lettre annonçant le report de la procédure «à une date ultérieure».
C'est, avec sa roublardise habituelle, la façon Renault de répondre à l'injonction de la direction départementale du travail de l'Oise, qui lui demandait de suspendre cette procédure illégale de licenciement et de participer à une réunion avec les syndicats et les représentants du ministère du Travail. Mais, pour obtenir ce premier petit recul, depuis le 6 janvier, l'ensemble des salariés menacés ont fait le tour des établissements de la région parisienne: Renault Billancourt, Cergy (où travaillent des dizaines d'ex-salariés de Chausson), Flins et le technocentre à Guyancourt avec un tract d'information et de protestation adressé «à l'ensemble des salariés de Renault». La presse et la télévision régionales ont fait la Une sur l'événement, par référence à la longue lutte des salariés de Chausson qui a marqué les mémoires.
Ces quatorze derniers salariés âgés de 53 et 54 ans étaient le dernier contingent des 150 salariés de Chausson qui avaient été reclassés dans cette filiale mise sur pied à Creil pour satisfaire, avec les autres mesures arrachées, la revendication de la lutte des mille derniers salariés de Chausson-Creil en 1995 «pas un salarié à l'ANPE».
Des accords successifs signés après bien des péripéties par les plus hautes instances de Renault garantissaient, en théorie, ces salariés contre le licenciement et engageaient le maintien en activité le temps nécessaire pour les faire entrer en préretraite.
En décembre 2003 au niveau de la métallurgie un accord était passé qui prorogeait de 22 mois le système de préretraite CASA à 55 ans pour les salariés en cours de licenciement économique. Donc le départ en préretraite semblait réglé pour ces quatorze salariés. Eh bien non! En juin 2004, Renault profitait bien de l'interprétation très libérale de la part de l'État de cet accord (qui le finance à près de 80%) pour faire partir dans le dispositif dit CASA, 2300 nouvelles personnes, qui n'entraient pas dans le premier plan. Mais Renault «oubliait» d'y inclure les quelques dizaines de personnes relevant justement d'un plan de licenciement économique.
La CGT et le CE de SCO assignaient Renault devant le tribunal de Nanterre, mais à l'audience Renault présentait des faux grossiers affirmant qu'il n'y avait pas de prolongation du système de préretraite chez Renault, et que l'État aurait refusé... pour les quatorze salariés le bénéfice de cet accord, ce qui est aussi un mensonge, car il n'y a même pas eu de demande. C'est sur la base de ces deux faux que le tribunal déboutait les salariés. Ayant la preuve de la manipulation évidente de Renault, la CGT et le Comité d'entreprise de SCO annonçaient leur volonté de faire appel à date très rapprochée et mettaient en demeure la direction Renault d'accorder son dû au personnel. En réponse, celle-ci a précipité les choses: s'asseyant sur les règles élémentaires et reniant tous ces accords écrits, elle a donc entrepris de jeter à la rue ses salariés, séance tenante.
Les salariés, aidés par d'anciens militants et travailleurs de Chausson, ont prévu une nouvelle action publique devant l'usine le jeudi 13 janvier. En plus de leur licenciement, ils risquent de perdre une part importante de leur pension de retraite pour toute leur vie, et ils sont décidés à se défendre, en vue d'obliger Renault à reculer.