L’IVG en Europe : Une liberté souvent bafouée13/01/20052005Journal/medias/journalnumero/images/2005/01/une1902.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Divers

L’IVG en Europe : Une liberté souvent bafouée

Les organisateurs de la manifestation nationale du samedi 15 janvier 2005 ont tenu à ne pas se limiter à la situation française. Ils appellent aussi à manifester «pour que partout en Europe soit garantie la liberté d'avortement» et «pour affirmer notre solidarité avec toutes les femmes privées de ce droit dans le monde».

Pour s'en tenir aux pays de l'Union européenne, la situation est très différente de l'un à l'autre, depuis l'interdiction pure et simple comme en Irlande et à Malte, en passant par des interdictions levées seulement en cas de viol comme au Portugal et en Pologne, jusqu'à l'autorisation légale de faire pratiquer une IVG sans autre raison à fournir qu'une demande de la femme, comme en France ou en Suède. Mais même dans les pays qui autorisent l'interruption volontaire de grossesse, les procédures imposées aux femmes visent à les culpabiliser et multiplient les pressions et les obstacles, parfois au risque de rendre impossible une intervention dans le cadre et les délais légaux. Car les législateurs ont voulu composer avec la petite fraction de l'opinion la plus réactionnaire. Alibi commode, mais toutes ces ambiguïtés sont autant de freins. Pire, elles peuvent préparer des retours en arrière.

En Espagne, l'IVG demandée par la femme doit obtenir l'accord de deux médecins qui doivent attester -donc prendre la responsabilité parfois de faire des faux- que la santé physique ou psychique de la femme risque d'être atteinte par la poursuite de la grossesse, moyennant quoi l'IVG reste autorisée sans critère de délai. La situation en Allemagne -où l'avortement n'est pas légalement autorisé mais seulement toléré- est comparable, à ceci près que les attestations médicales ne sont exigées qu'en cas d'IVG au-delà de douze semaines. De même en Belgique, où l'IVG doit être demandée par la femme en «situation de détresse» (déclarée par écrit) mais ne nécessite pas l'attestation des deux médecins si elle intervient dans le délai de douze semaines.

Parmi les difficultés rencontrées par une grande partie des femmes, celles des milieux populaires, les moins bien informées, y compris en matière de contraception, et aux budgets les plus modestes, il faut également ajouter le coût de l'intervention. En Angleterre, il est de 750 à 1700 euros, à la charge de la femme la plupart du temps. En Espagne, il est gratuit dans les hôpitaux publics mais de 251 euros dans les établissements privés.

Il y a encore bien du chemin à parcourir pour que dans cette Europe dont les gouvernants prétendent qu'elle serait un modèle de civilisation et de démocratie, les femmes puissent exercer en toute liberté et en toute dignité un droit aussi essentiel que celui de décider librement d'avoir ou pas un enfant.

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