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Dans le monde
Italie : L’accident ferroviaire près de Bologne, la sécurité à la dernière place
Une véritable tour de tôles tordues dans laquelle on distingue la silhouette d'un wagon absurdement planté à la verticale, cette image tristement spectaculaire transmise par toutes les chaînes de télévision restera longtemps le symbole du désastre ferroviaire de Crevalcore, intervenue le 7 janvier sur la ligne à voie unique Vérone-Bologne.
Le choc a été frontal entre un train de voyageurs se dirigeant vers Bologne, avec à son bord des travailleurs et des étudiants accomplissant ce trajet journalier, et un train de marchandises qui s'engageait sur la déviation. On a parlé comme toujours d'«erreur humaine». Le conducteur du train de voyageurs n'aurait pas respecté le signal rouge, ou ne l'aurait pas vu alors que la région était couverte de brouillard. Même si c'était vrai, il faut se demander comment, au XXIe siècle, on peut faire reposer toute la sécurité de convois bondés de voyageurs, sur les seuls yeux et réflexes d'un homme. L'homme, par définition, peut faire des erreurs.
Mais on ne peut pas définir comme une erreur humaine le fait de continuer à faire circuler des trains sur des lignes démunies de tout appareillage pour la répétition des signalisations en machine. On ne peut pas définir comme une erreur un retard de plus de vingt ans dans le doublement des voies sur ce parcours ferroviaire à voie unique. Là, il s'agit d'un crime. Un crime qui ce 7 janvier a fait 17 victimes.
Le procureur de la République de Bologne a assuré: «Nous irons jusqu'au bout pour établir ce qui s'est produit. Face à un désastre de ce genre on ne peut pas rester indifférent». Ces déclarations rappellent celles qui ont suivi tant d'autres accidents ferroviaires.
Le fait est que l'on dit vouloir aller «jusqu'au bout» seulement après qu'il y a eu des morts et des blessés.
Mais des piles de dénonciations, d'exposés, d'appels faits par les travailleurs ou par leurs représentants à toutes les institutions concernées, des palais de justice aux autorités sanitaires, aux préfectures, aux inspections du travail, aux administrations locales, sont là pour démontrer que les risques sont bien connus et que les autorités font bien peu pour les prévenir. Ceci est valable pour la ligne à voie unique Vérone-Bologne, cela vaut pour les 6000 km de lignes environ qui sont dans les mêmes conditions, cela vaut d'une façon plus générale pour la sécurité de tous ceux qui utilisent les chemins de fer et qui y travaillent.
Pendant que les politiciens ou les procureurs font les beaux face aux caméras de télévision, il y a, ne l'oublions pas, des cheminots qui subissent des procédures disciplinaires et même des procès pour avoir dénoncé au public la dégradation de la sécurité dans le système ferroviaire ou pour avoir refusé d'exécuter les ordres qui auraient mis en danger la sécurité des voyageurs.
Dans un tel cadre, les 10 minutes d'arrêt de travail proclamées par les syndicats pour le 12 janvier, apparaissent comme peu de chose. C'est pourtant cette voie qu'il faut poursuivre. Il faut que l'on sache que la sécurité, même celle des voyageurs, seuls les cheminots pourront l'imposer par leurs dénonciations, par leurs luttes, par leur conscience.
Correspondance du groupe «L'Internazionale» - Italie