- Accueil
- Lutte ouvrière n°1902
- France Télécom Montpellier : Usagers, agents et sous-traitants paient les pots cassés
Dans les entreprises
France Télécom Montpellier : Usagers, agents et sous-traitants paient les pots cassés
Dans l'Hérault, cela fait des années que l'on voit le service public rendu par France Télécom se dégrader. Les usagers sont obligés d'être de plus en plus patients quand ils sont en panne de téléphone: le délai de réparation était de 48 heures, alors qu'aujourd'hui il n'est pas rare qu'il s'écoule une semaine, quinze jours, et quelques fois plus, avant que la ligne d'un abonné soit rétablie.
À Montpellier, nous sommes passés de plus d'une trentaine d'agents de maintenance il y a dix ans à 19 aujourd'hui. La plus grande baisse de personnel a affecté le secteur dit du «préventif». La tâche de ce personnel consiste à prévenir les pannes possibles, en vérifiant fréquemment la viabilité des installations, et à les remplacer avant même que les usagers ne constatent les problèmes. En réduisant le personnel affecté à ce travail, la direction de France Télécom montre qu'elle n'a aussi que faire des usagers.
L'ouverture du capital de l'entreprise n'a pas modifié cette politique, bien au contraire.
Un autre moyen de faire des économies a été la diminution des crédits alloués à la sous-traitance. Dernièrement, 8 employés sur 16 de l'une des entreprises sous-traitantes ont été licenciés. Les conditions de travail ne cessent d'empirer. Il y a quelques semaines, dans l'Aude, un ouvrier du sous-traitant Constructel a perdu un oeil en glissant d'un camion lors de l'installation d'un poteau. Dans l'Hérault, lors de remplacements de poteaux vétustes, un ouvrier de l'entreprise INEO a eu une fracture du fémur car il est tombé d'un poteau qui se brisait. Tous les employés de ces entreprises sont payés au smic, et leurs patrons ne se donnent même pas la peine de les former à ce type de travail. Les employés subissent les répercussions des passations de marchés et des économies réalisées à la source par France Télécom, avec des conditions de travail et de sécurité dégradées, et des salaires en baisse.
France Télécom ne demande pas de garantie sur le travail effectué. Et comme les entreprises sous-traitantes ne pensent, comme France Télécom, qu'à leurs profits, il est assez fréquent qu'elles surestiment les travaux à effectuer: dans les départements où ils ont le marché des dérangements, les sous-traitants font souvent remplacer plus de câbles que nécessaire. En tout cas, ce marché semble suffisamment rentable pour qu'un sous-traitant, qui n'a pas le matériel nécessaire aux travaux demandés, fasse appel à un «co-traitant» qui lui loue les machines en question.
Et par-dessus le marché, quand on constate que la réparation n'a pas été bien faite, dans l'Hérault, ce sont les employés de France Télécom qui sont envoyés pour rétablir les lignes. Les contrôles ne sont même plus effectués pendant la réalisation du travail, sauf pour les gros chantiers de travaux publics.
Les vrais bénéficiaires sont les grands actionnaires de France Télécom. Qu'importe pour eux la dégradation croissante du service rendu, pourvu que leurs dividendes progressent. Ils prospèrent par la diminution constante des coûts, et c'est finalement tout le personnel, de France Télécom comme des sous-traitants, et les usagers, qui trinquent.