Chirac, des paroles à la réalité13/01/20052005Journal/medias/journalnumero/images/2005/01/une1902.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Chirac, des paroles à la réalité

Lors de la cérémonie des voeux aux «forces vives de la nation» (représentants des patrons, des syndicats et des associations) le 5 janvier, Chirac a mis en avant sa volonté de promouvoir l'égalité salariale entre hommes et femmes, ainsi que la promesse d'une hausse du smic. Il faut croire qu'il était en mal d'inspiration car ce n'est pas la première fois qu'il tient ce discours... avec l'efficacité que l'on sait!

L'égalité salariale pour dans cinq ans ?

À propos de l'inégalité de salaire entre les femmes et les hommes, Chirac demande «au gouvernement de présenter sans tarder un projet de loi pour que les accords d'entreprise fixent des objectifs chiffrés, en vue de parvenir à l'égalité salariale dans un délai maximum de cinq ans». Sans tarder? Elle est bien bonne quand on sait que les lois visant à établir cette égalité se sont multipliées depuis des années!

La Constitution de 1946 fixait dans son préambule le principe d'égalité salariale. La même année, un arrêté abrogeait l'abattement jusque-là légal sur les salaires féminins par rapport aux salaires masculins. Des lois édictées en 1950 et 1971 intégraient la notion d'égalité de traitement dans les conventions collectives. Une autre, en 1972, confirmait l'égalité de traitement pour un travail égal, complétée elle-même par les lois Roudy de 1983 et Génisson de 2001, la dernière rendant obligatoire la négociation sur le sujet dans les entreprises.

Comme on le voit, ce n'est donc pas l'arsenal juridique qui manque. Et pourtant, toutes les enquêtes font état de l'infériorité des salaires féminins, de l'ordre de 20%, par rapport à l'ensemble des salaires masculins. Car la loi qui domine sur toutes les autres est en fait la loi du profit qui pèse sur l'ensemble des salaires, et plus encore sur ceux des femmes.

Hausse du smic : du bluff à la réalité

«Le smic augmentera à nouveau de plus de 5% au 1er juillet 2005», a promis Chirac qui a prétendu que le salaire minimum avait connu «une hausse de plus de 11% en deux ans, la plus importante depuis vingt ans». Mais de quel smic parle-t-il? Au moment de la mise en place des 35 heures, différents smic avaient été institués pour éviter d'avoir à imposer brutalement au patronat une hausse du salaire minimum de... 11,4%, justement. L'harmonisation entre ces smic devait se faire par étapes, pour prendre fin au 1er juillet 2005. En fait de coup de pouce au pouvoir d'achat des salariés, Chirac ne fait donc que promettre d'appliquer une mesure prévue par la loi Fillon de janvier 2003, et qui ne coûte rien au patronat puisqu'elle est largement compensée par des allégements de cotisations.

Donc, seule une minorité de smicards est concernée par cette hausse de 5%. Les autres auront pour toute augmentation de salaire celle indexée sur la hausse officielle des prix. Les patrons en revanche vont avoir droit à un nouveau cadeau: «D'ici trois ans, il ne devrait plus y avoir de charges sociales, pour les entreprises, au niveau du smic», leur a promis Chirac. Autrement dit, plus les salaires versés seront bas, ne dépassant pas le smic, et plus les patrons auront droit aux allégements fiscaux. Telle est la justice sociale promise par Chirac et son gouvernement.

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