Cagnes-sur-Mer (Alpes-Maritimes) : Succès de la grève des chauffeurs de bus13/01/20052005Journal/medias/journalnumero/images/2005/01/une1902.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Cagnes-sur-Mer (Alpes-Maritimes) : Succès de la grève des chauffeurs de bus

Les chauffeurs de bus de la STC (Société des Transports de Cagnes-sur-Mer qui appartient au groupe Keolis) ont repris le travail mardi 11 janvier, ayant obtenu en partie satisfaction après cinq jours de grève.

Depuis lundi 3 janvier, en effet, 20 des 21 chauffeurs de bus de la ville étaient en grève. Ils se sont réunis tous les jours au dépôt et ont chaque fois reconduit leur mouvement. Ils réclamaient des locaux décents, un dépôt digne de ce nom, des véhicules en bon état et une revalorisation des salaires.

En guise de dépôt, les chauffeurs disposent de deux baraques mobiles, insalubres et situées sur un terrain vague, boueux à la moindre pluie. Les bus sont dans un état lamentable qu'un chauffeur a décrit ainsi dans le journal Nice Matin: «Les freins sont défectueux au point que c'en est dangereux. Imaginez s'ils lâchaient dans les collines ou dans le Haut-de-Cagnes. Ils sont vraiment trop vieux. Plusieurs fois, les portes de mon bus se sont ouvertes quand je roulais. Il n'y a pas de chauffage, pas de ceinture...».

Enfin, il y a les horaires de travail et les salaires. La CANCA (Communauté d'agglomération de Nice et de la Côte-d'Azur) ayant décidé d'améliorer les transports en commun de l'agglomération, en augmentant la fréquence des rotations, en créant de nouvelles lignes, la direction avait promis, en décembre dernier, l'embauche de neuf chauffeurs, et des horaires sans coupures. Mais elle n'en a rien fait. Le même chauffeur explique que, à cause des coupures: «Parfois je travaille 12 à 13 heures par jour avec une demi-heure de battement à midi pour manger. Les journées commencent à 6 heures du matin jusqu'à 18 h 30 ou 19 heures le soir. Et ce cinq ou six jours par semaine. Les journées de travail ne sont payées que neuf heures. [...] Mes collègues et moi sommes payés 6,81 euros de l'heure [...]. Les heures supplémentaires ne sont évidemment pas payées. Je touche [avec 4 ans d'ancienneté] 1360 euros brut par mois.»

Quand le directeur, assisté du comptable, est passé apporter les fiches de paie aux chauffeurs en grève, il n'était plus fier du tout, d'autant plus que les chauffeurs ont rapidement trouvé des erreurs sur le décompte des heures qu'ils avaient effectuées et sur les primes.

Le ras-le-bol étant général, ils étaient bien décidés à ne pas se contenter de promesses. Ils ont distribué un tract à la population ainsi qu'aux chauffeurs d'autres compagnies, recevant un excellent accueil.

Le problème des salaires vient de loin. Depuis 1997 le réseau était passé du statut d'inter-urbain à urbain, ce qui aurait dû entraîner une augmentation mensuelle de l'ordre de 300 euros, net. La direction ayant toujours contesté ce nouveau statut, les salariés avaient porté l'affaire aux Prud'hommes qui leur avaient donné raison. Le contentieux portait sur des rappels de quelques centaines d'euros pour les chauffeurs les plus récemment embauchés et même de 26000 euros pour le salarié le plus ancien.

Après cinq jours de grève la direction a cédé sur d'importantes revendications:

- application partielle du jugement des Prud'hommes avec le paiement de 70% des sommes dues. Les 30% restants seront négociés ultérieurement;

- horaire de travail en un seul tenant et embauche immédiate de quatre nouveaux chauffeurs que la direction avait prévu de prendre en intérim;

- une prime de reprise de 350 euros brut qui correspond à peu près au paiement des jours de grève;

- une carte pass gratuite pour circuler dans tout le réseau de la CANCA pour eux et leur famille;

Restent les problèmes des locaux et du matériel roulant qui seront négociés plus tard, d'après un calendrier précis qui a été établi sur trois mois.

Lundi 10 janvier, les chauffeurs, après le compte-rendu de leurs délégués, ont voté à l'unanimité et à main levée la reprise du travail pour le lendemain matin. Le directeur était tellement pressé de les voir reprendre le travail qu'il est venu au dépôt signer le protocole de reprise sur le capot d'une voiture! Les vingt chauffeurs de la STC et les nouveaux embauchés ont fêté leur victoire autour d'une paëlla. Tout le monde est content de la grève et du succès obtenu.

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