«Assouplissement» des 35 heures : Un projet réactionnaire, un de plus !13/01/20052005Journal/medias/journalnumero/images/2005/01/une1902.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

«Assouplissement» des 35 heures : Un projet réactionnaire, un de plus !

Quatre députés de l'UMP vont déposer, avec l'accord du gouvernement, un projet de loi destiné à «assouplir» la loi, ou ce qu'il en reste. Le prétexte serait que cette loi pénaliserait les patrons et même les travailleurs qui pourraient, s'ils n'étaient plus bridés par cette loi, «gagner plus en travaillant plus».

La bonne blague, si l'on ose dire! Cette loi, contrairement à ce que prétend la droite et les ministres, ne pèse pas vraiment sur le patronat. Mieux même, elle l'a amplement favorisé, plus particulièrement en généralisant la flexibilité que le patronat réclamait à cor et à cri depuis des années et que le gouvernement socialiste lui a offert sur un plateau d'argent. Cela lui permet d'organiser les horaires de sa production au gré de ses besoins. D'ailleurs, la plupart des patrons des grandes entreprises, interrogés par les journaux économiques, ne se plaignent pas de l'existence de cette loi, quand ils ne s'en félicitent pas en coulisse. Même le Medef a mis une sourdine à ses vociférations contre les 35 heures.

Le projet de loi de l'UMP et du gouvernement permettra aux patrons de bénéficier d'un contingent plus grand d'heures supplémentaires autorisées, mais seulement s'ils en ont besoin. Car, est-il nécessaire de le rappeler, ce sont eux et eux seuls qui décident de prolonger, ou pas, la durée du travail, et jamais les salariés qui ont la possibilité de choisir «de travailler plus pour gagner plus» -avec des heures supplémentaires qui n'ont plus rien à voir avec ce que l'on entendait par cette expression, puisqu'elles sont de moins en moins majorées.

Les patrons n'en sont pas à donner plus de travail pour que les travailleurs gagnent plus, mais à imposer plus de travail pour un salaire inchangé, voire réduit. C'est le cas, quand ils diminuent les effectifs sans diminuer la charge de travail de ceux qu'ils gardent. C'est aussi le cas quand, comme chez Bosch, près de Lyon, on impose, par le chantage à la délocalisation, aux salariés d'accepter de travailler plus longtemps pour le même salaire. Cela montre d'ailleurs que loi ou pas, les patrons agissent à leur guise, utilisant tous les moyens, en particulier ceux que leur donne le rapport de forces. Sans compter que cette loi Aubry sur les 35 heures, contre laquelle la droite bataille, compensait largement ce prétendu coût des 35 heures, en accordant au patronat de larges compensations financières, à la charge... du budget de la Sécurité sociale.

Mais ce ne sont pas ces aspects-là que la droite veut supprimer, afin de rendre à la Sécurité sociale ce qu'on lui a imposé, et de reprendre aux patrons les facilités que leur accorde la flexibilité. Bien au contraire! Elle veut accorder des facilités supplémentaires, plus de souplesse si c'est possible, pour exploiter les salariés. Au-delà même de ce calcul, la droite veut surtout donner des gages à sa clientèle électorale, lui montrer sa volonté, son acharnement à remettre en cause tout ce qui, de près ou de loin, limite les pouvoirs patronaux.

Autant il est vrai que les 35 heures, décidées par le gouvernement Jospin, étaient loin de satisfaire la revendication du monde du travail largement en droit d'exiger que l'on travaille moins et que tous aient un travail -surtout dans une période où le nombre de sans-emploi allait grandissant en même temps que les profits patronaux-, autant il faut s'opposer à cette mesure antiouvrière, une de plus, que s'apprête à adopter cette droite arrogante et insatiable.

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