Réforme de l'assurance-maladie : Malades appauvris, pauvres encore plus malades06/01/20052005Journal/medias/journalnumero/images/2005/01/une1901.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Réforme de l'assurance-maladie : Malades appauvris, pauvres encore plus malades

Le 1er janvier 2005 entre en vigueur la "réforme" de l'assurance-maladie votée le 13 août dernier, avec toutes les dispositions qui, sous prétexte de faire faire des économies à la Sécurité sociale, vont rendre l'accès aux soins de plus en plus onéreux.

Tout d'abord, et tout de suite, une participation obligatoire de un euro est imposée sur chaque consultation ou sur chaque acte médical. Les seuls malades qui échapperont à cette ponction, sont les enfants de moins de 16 ans, les femmes enceintes (seulement à partir du quatrième mois de grossesse), et les bénéficiaires de la CMU. Cette ponction représentera au total 500 millions d'euros par an.

Toujours à partir du 1er janvier, le forfait hospitalier est porté de 13 à 14 euros par jour. Mais ce n'est qu'un début. Les augmentations suivantes sont déjà programmées par décret: 15 euros le 1er janvier 2006, puis 16 euros le 1er janvier 2007.

La contribution sociale généralisée -la CSG- est augmentée. La CSG des actifs est calculée sur 97% du salaire (contre 95% auparavant). Celle des retraités imposables augmente de 0,4%, et passe à 6,6%.

Par ailleurs, les décrets organisant "la lutte contre les abus et gaspillages" dans le domaine des arrêts de travail viennent d'être publiés, visant officiellement à faire économiser 150 millions d'euros par an à la Sécu, en permettant la diminution des indemnités journalières en cas d'envoi hors délai de l'arrêt de travail. Mais surtout, ils organisent, de concert avec les employeurs, une pression accrue contre les arrêts de travail.

Et puis, il y a tout le bruit fait autour de l'instauration, pour chaque assuré, "d'un médecin traitant obligatoire". Les Caisses d'assurance-maladie vont envoyer une lettre, entre janvier et mars, à chacun des 40 millions d'assurés sociaux de plus de 16 ans, lui demandant de choisir avant le 1er juillet 2005 ce "médecin traitant" chargé de coordonner son parcours de santé, de l'adresser si besoin à un spécialiste, et peut-être plus tard, si une autre réforme ne vient pas tout chambouler, de mettre en place son Dossier Médical Personnel informatisé.

Sur le papier, ce "parcours de soins coordonnés" a l'air très joli, mais recèle en fait de véritables poisons.

En effet, il sera toujours possible de s'adresser directement à un spécialiste sans passer par la case "médecin traitant"... à condition de payer la consultation plus cher. Beaucoup de professionnels de la santé, même des généralistes, estiment que ce double tarif risque d'aggraver les inégalités dans l'accès aux soins. "On aura une médecine à deux vitesses, puisque les spécialistes auront intérêt à prendre en priorité ceux qui paieront plus, sans passer par le médecin traitant", estime l'un d'entre eux. Car les patients aisés n'hésiteront pas, pour consulter rapidement, à payer plus cher le spécialiste, qui empochera la différence.

Les autres, la majorité des patients, risquent de patienter des semaines, sinon des mois, avant d'obtenir des rendez-vous chez les spécialistes. Mais même ceux-là, ceux qui passeront d'abord chez leur médecin traitant avant de consulter un spécialiste, paieront beaucoup plus cher qu'auparavant.

Bien sûr, la Lettre de la Sécurité sociale tirée à 40 millions d'exemplaires prétend que "pour tous les actes médicaux réalisés et recommandés par le médecin traitant, le taux de remboursement sera maintenu". Mais c'est une véritable arnaque. Le gouvernement a profité de la mise en place de ce nouveau système, pour augmenter de manière considérable le prix des consultations chez les spécialistes. En effet, après des semaines de marchandages avec les représentants de médecins spécialistes libéraux, qui n'étaient évidemment pas les plus à plaindre, de nouveaux tarifs, avec une grille d'honoraires très compliquée et des dépassements permis et encadrés (!), entrent également en application. Ils sont tous en augmentation. Dorénavant, même si le malade est adressé par son médecin traitant, le spécialiste lui fera payer, en cas de consultations pour des soins répétés, 27 euros à partir du 1er juillet 2005, puis 28 euros en 2006, au lieu de 23 ou 25 euros aujourd'hui. Et cette consultation chez un spécialiste pourra même être facturée 40 euros s'il s'agit d'une consultation ponctuelle.

Cette réforme est une attaque en règle contre le droit à la santé des moins fortunés. Il faut souhaiter que, face à ce gouvernement, les patients soient justement de moins en moins... patients!

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