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Dans le monde
Raz de Marée : Les tour-opérateurs pressés de reprendre les affaires
Moins de dix jours après le raz de marée asiatique, les tour-opérateurs français envisagent d'organiser de nouveau, dès le 16 janvier, des voyages vers les régions touchées. Dans un premier temps, le Ceto, l'association des tour-opérateurs qui rassemblent une cinquantaine de voyagistes français, parlait de suspendre les départs vers Phuket, l'Inde du Sud, et le Sri Lanka jusqu'au 31 janvier au moins.
À ceux qui pourraient trouver choquant que ces sociétés, comme Accor et d'autres, pensent de nouveau à envoyer des touristes se bronzer sur les plages, alors que les victimes de la catastrophe ont d'abord et avant tout besoin de secours pour ne pas mourir, René-Marc Chili, le président de l'Association des tour-opérateurs français, répondait dans un entretien publié mardi 4 janvier par le journal France-Soir. D'après lui, partir en vacances dans les pays touchés par le tsunami est "plus utile que les dons humanitaires". "Il n'y a pas de meilleur moyen d'aider les habitants de cette région que d'aller passer ses vacances là-bas. C'est le meilleur moyen de se montrer solidaire. C'est plus utile que les dons humanitaires. Un Thaïlandais qui travaille nourrit et fait vivre une famille entière", poursuivait-il sans honte.
Il oublie (l'émotion devant la catastrophe sans doute!) de parler des bénéfices énormes qui nourrissent les actionnaires de ces tour-opérateurs, de grosses sociétés comme Accor, qui affichait par exemple un profit d'un montant de 476 millions d'euros en 2002 pour l'ensemble de ses activités. Il oublie également d'expliquer que ces énormes profits sont dus, en particulier, aux salaires dérisoires des employés vivant dans ces pays pauvres: dans l'hôtellerie, pour le groupe Accor, par exemple, ils peuvent ne pas dépasser les 76 euros par mois.
Les tour-opérateurs français avaient annoncé à la mi-décembre une hausse de leur activité de 4,7% en nombre de voyageurs par rapport à 2003, avec un chiffre d'affaires global de 4 milliards d'euros, en augmentation de 4,5%. L'Asie, qui représente 14% du trafic global, est un gros marché pour eux. Il ne faudrait tout de même pas que les 150000 morts et les millions de personnes déplacées viennent ternir le prochain bilan financier.