Prozac : Derrière le bonheur, le mensonge pour le profit06/01/20052005Journal/medias/journalnumero/images/2005/01/une1901.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Prozac : Derrière le bonheur, le mensonge pour le profit

Le Prozac, un médicament de la famille des antidépresseurs, a fait la richesse des laboratoires Eli Lilly, leur permettant d'engranger jusqu'à 2,8 milliards de dollars par an. Une affaire plus que juteuse donc... Mais on vient d'apprendre que, depuis plus de quinze ans, la firme a minimisé voire caché les données médicales sur les risques que comporte l'utilisation de ce médicament.

Le British Medical Journal a obtenu par une source anonyme... des documents internes du laboratoire qui démontrent que, dès 1988, celui-ci savait que le Prozac présentait de façon importante un effet secondaire habituel des antidépresseurs; en libérant le malade de sa dépression, ils peuvent le faire basculer dans la situation inverse, entraînant des actes éventuellement violents, contre les autres ou contre lui-même. Mais les laboratoires Eli Lilly avaient développé une stratégie commerciale présentant ce produit comme quasiment dénué d'effets secondaires et poussé à sa prescription la plus large possible. Et ils avaient fait du Prozac ce qu'on a appelé la "pilule du bonheur", mais aussi, et pour eux, une pilule-poule aux oeufs d'or.

En 1994, un procès avait opposé Eli Lilly aux familles de victimes d'un malade traité sous Prozac depuis un mois et qui avait tué huit personnes et blessé douze autres avant de se suicider. La firme avait gagné le procès, se fondant entre autres sur le fait que l'agence américaine chargée du suivi des médicaments, la FDA, avait réaffirmé l'innocuité du Prozac en 1991. Mais elle a avoué depuis avoir conclu... un accord secret pour indemniser la partie adverse. Pour que la "pilule du bonheur" continue sa carrière, on n'allait pas reculer devant quelques sacrifices...

Devant le succès du Prozac, tous les grands laboratoires se sont rués sur ce marché alléchant. Pour faire encore plus de profits, ils n'ont pas hésité à étendre l'utilisation de leurs antidépresseurs aux enfants. Le laboratoire Pfizer, qui commercialise Zoloft, est aujourd'hui mis en cause à la suite de l'assassinat de ses grands-parents par un adolescent traité par cet antidépresseur. Le laboratoire Glaxo est accusé d'avoir camouflé des études cliniques de son produit Deroxat, concernant les risques de suicide chez les jeunes sous antidépresseurs.

Ces révélations sur le Prozac et les antidépresseurs confirment ce qu'avaient montré les retraits récents de médicaments comme le Vioxx ou des médicaments anticholestérol. Pour les dirigeants des laboratoires pharmaceutiques, un bon médicament est d'abord un médicament qui rapporte. Pour arriver à ce résultat tout est bon, la publicité abusive, le camouflage d'informations scientifiques et le truquage d'un procès.

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