Peugeot-Citroën Saint-Ouen (Seine- Saint-Denis) : Un accident grave06/01/20052005Journal/medias/journalnumero/images/2005/01/une1901.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Peugeot-Citroën Saint-Ouen (Seine- Saint-Denis) : Un accident grave

Un accident grave s'est produit lundi 20 décembre à l'usine Peugeot-Citroën de Saint-Ouen. Un ouvrier de 55 ans a été coincé entre un engin "pousse-wagon" et un butoir de train sur une voie intérieure de l'usine. Il a été hospitalisé. Ses jours ne sont pas en danger, mais c'était de justesse.

Comme l'ouvrier travaillait seul, il a eu "la chance" de pouvoir crier et d'être entendu par deux camarades de travail qui ont dû intervenir avec un "Fenwick" pour déplacer les wagons, tirer le "pousse-wagon" en arrière et dégager le blessé. Le pompier de l'usine a pu donner les premiers soins, puis les pompiers et le SAMU sont intervenus. Le travailleur a été soigné sur place pendant près d'une heure avant de pouvoir être emmené à l'hôpital Bichat pour y être opéré. La police et l'inspecteur du travail appelé par la CGT ont procédé à une enquête.

L'établissement est une usine d'emboutissage qui fournit la plupart des autres usines du groupe en pièces de tôle qui sont ensuite soudées sur les voitures. Lors de la découpe des bandes de tôle, les chutes sont récupérées dans des convoyeurs en sous-sol pour être évacuées par wagons SNCF vers la fonderie de Charleville. La SNCF emporte ainsi tous les jours des wagons pleins et rapporte des vides. La manoeuvre des wagons sur les voies intérieures à l'usine est faite par des ouvriers de PCA à l'aide de cet engin "pousse-wagon" qui n'est pas auto-porté et qui est conduit par l'ouvrier qui marche à côté. Lors de son déplacement d'une voie à une autre, cet engin tourne comme un tank: il faut freiner une roue ou l'autre pour tourner dans l'un ou l'autre sens! Cet engin archaïque et dangereux a été réparé en maintenance sur des points de sécurité plusieurs fois dans l'année. Les syndicats réclamaient son remplacement depuis plusieurs mois.

Un nouveau matériel, plus conforme à ce qu'utilise la SNCF, devait arriver fin janvier 2005, mais entre-temps... l'ancien était toujours utilisé. Il aurait pu être remplacé plus tôt, puisqu'en deux jours, après l'accident, la direction a trouvé à louer un locotracteur plus conforme pour la sécurité: la police ayant interdit l'utilisation de l'engin en cause, il fallait bien que l'usine tourne quand même, car si les chutes de tôle ne peuvent pas être évacuées, les presses s'arrêtent...

Toutes les conditions étaient réunies pour l'accident: la manoeuvre se faisait par un ouvrier seul, alors qu'elle se faisait à deux il y a quelques années. L'emplacement de travail était tellement réduit que la manoeuvre se faisait juste en bout de voie, entre l'arrière du wagon et le butoir. Et les mouvements de l'engin étaient si brusques que cela a suffi pour que l'ouvrier soit coincé.

Tous les ouvriers ont été choqués de l'accident et des conditions dans lesquelles il s'est produit. Ceux qui connaissent bien le secteur disaient: "C'est deux personnes qu'il faut à ce poste." La direction a essayé de minimiser la gravité de l'accident, tentant même sans succès, et par méconnaissance du travail, de demander si "les consignes de sécurité avaient été respectées".

Depuis, le CHSCT (Comité d'hygiène et de sécurité-conditions de travail) a imposé deux personnes pour la manoeuvre, et un engin plus conforme va être utilisé. Si la direction avait tenu compte à temps des demandes des ouvriers, nous n'aurions pas un camarade de travail à l'hôpital.

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