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Dans le monde
Les travailleurs chinois manifestent
On apprend que, le 25 décembre, environ 50000 travailleurs se sont rassemblés pour une manifestation dans les rues de Dongguan, une ville ouvrière peuplée de plusieurs millions d'habitants, située non loin de Canton, au sud de la Chine. Cette région fournit un tiers des exportations chinoises, réalisées en particulier dans les zones spéciales où se fabriquent composants électroniques et jouets.
Il semblerait qu'un incident banal soit à l'origine de cette manifestation. Des centaines de policiers présents auraient réprimé les manifestants avec une extrême violence, s'acharnant, semble-t-il, sur "ceux qui ressemblaient à des migrants". Plusieurs morts auraient été dénombrés à l'issue de la journée. Une situation qui n'a rien d'étonnant car la révolte des millions d'ouvriers et d'ouvrières que compte cette région-atelier s'exprime de plus en plus fréquemment, par la grève, comme en octobre dernier à l'usine Computime de Shenzen où 3000 ouvrières avaient bloqué la plus grosse artère de la ville et obtenu 170% d'augmentation de salaire. L'entreprise a par ailleurs été condamnée, début décembre, à près de deux millions de yuans d'amende pour avoir versé des salaires inférieurs au minimum légal et pour des heures supplémentaires non volontaires.
Les conditions de salaire (le nouveau salaire minimum, fixé par les autorités provinciales depuis le 1er décembre, varie de 352 à 684 yuans par mois, soit 35 à 68 euros) et les conditions de travail où certaines entreprises imposent une durée quotidienne de 10 à 12 heures, six ou même sept jours par semaine sont celles d'un véritable esclavage salarié qui permet à peine de survivre. Ainsi, racontait au moment de la grève une ouvrière de Computime: "Notre salaire de base n'est que de 230 yuans par mois. Il nous faut travailler 14 heures par jour, sept jours par semaine. La compensation pour heures supplémentaires n'est que de 2 yuans de l'heure. On ne peut pas y arriver avec un tel salaire".
À la multiplication des protestations de milliers de travailleurs, en particulier des masses de pauvres venus des campagne ou des familles déplacées dans le cadre de gigantesques projets hydroélectriques (16 millions de personnes en vingt ans), les autorités chinoises semblent pour l'instant répondre en alternant répression et concessions. Et, de nombreux travailleurs migrants désertant la zone industrielle du Guangdong, il y aurait à l'heure actuelle un déficit de main-d'oeuvre de 10%, soit un million et demi à deux millions de travailleurs. Voilà quelques exemples qui ramènent à une plus juste vision de la réalité ce que certains appellent "le miracle chinois".