Centre de tri de Sassenage (Banlieue de Grenoble) : La coupe est pleine !06/01/20052005Journal/medias/journalnumero/images/2005/01/une1901.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Centre de tri de Sassenage (Banlieue de Grenoble) : La coupe est pleine !

Depuis le 1er novembre 2004, le centre de tri de Grenoble a déménagé dans la banlieue, à Sassenage. Depuis, les raisons de mécontentement se sont accumulées. Les syndicats CGT, SUD, FO, CFDT déposent à tour de rôle des préavis de grève une ou deux journées par semaine. Ceux-ci sont relativement bien suivis, surtout en nuit, là où les travailleurs sont les plus nombreux et les plus combatifs.

Chaque salarié fait ainsi une journée de grève par semaine, celle de son choix. Des assemblées générales ont lieu une à deux fois par semaine, réunissant tout le personnel de nuit. Celles réunissant les travailleurs de jour sont moins régulières et avec moins de monde.

Les travailleurs luttent tout d'abord contre les effectifs réduits et la précarité qui s'introduit. En effet, 390 salariés travaillent actuellement au centre: 60 emplois ont été supprimés lors du transfert, sous la forme de retraités non remplacés ou de mutations. Phénomène nouveau, une quinzaine d'intérimaires, aux contrats reconductibles de courte durée, font leur apparition épisodiquement.

Ensuite, tous les travailleurs du nouveau centre font un horaire d'une demi-heure de plus. Ils exigent le retour aux anciens horaires.

À cela s'ajoutent les incidents techniques sur les nouvelles machines, qui se multiplient, alors que la direction avait expliqué que celles-ci seraient plus performantes. Les deux trieuses grand format ne parviennent pas, à plein rendement, à faire le seul travail qu'effectuait la trieuse à objets plats de l'ancien centre de tri. Et la NEC (machine qui met les enveloppes dans le bon sens, les oblitère et partage le courrier selon la couleur des timbres et du format) nécessite seize travailleurs au lieu de sept auparavant!

Si l'on ajoute le problème d'une porte de quai qui n'est pas réparée depuis début décembre, tout cela se solde par des conditions de travail plus difficiles, et un retard de courrier qui s'accumule, alors que le centre de tri a moins de tâches qu'auparavant puisqu'il n'assure plus le tri des paquets ainsi que, provisoirement, celui du TG1 (lettres du département en partance pour le reste du territoire).

Ces nouvelles machines génèrent beaucoup de poussières en plus de celles du ciment du sol qui n'a pas été peint. Et quand, par endroit, il l'a été, les poussières sont volatiles et bleues, de la couleur de la peinture. Ce qui explique que les travailleurs se mouchent bleu depuis le déménagement... Des analyses sont en cours pour connaître les conséquences sur la santé des salariés. La direction a fait nettoyer la peinture à grands coups d'autolaveuses, mais s'il y a moins de poussières bleues aujourd'hui, les poussières de papier générées par les trieuses perdurent.

Cerise sur le gâteau, les nouveaux locaux ont une toilette sur deux inutilisable par suite de ruptures de canalisations dues à des malfaçons. Enfin le nouveau directeur n'a rien trouvé de mieux que de changer le classement des casiers du tri manuel. Le mécontentement est donc important sur les conditions de travail très dégradées. Les travailleurs exigent aussi une prime de délocalisation plus conséquente que les 600 euros proposés par la direction. En effet, à Rouen, le montant de la prime de délocalisation s'est monté à 1500 euros!

La direction reste pour le moment sourde et a seulement proposé récemment une prime de 300 euros pour la fin 2005, assortie de conditions de paix sociale! Les travailleurs n'étant pas d'accord, les syndicats ont refusé cet accord de dupes. Le directeur adjoint s'est récemment invité "en mission commandée" à deux assemblées générales de nuit de suite. Fonçant tour à tour sur les salariés, leur parlant en hurlant "à deux doigts des moustaches", il espérait sans doute provoquer un geste d'énervement... Peine perdue: pour les travailleurs, il n'est pas question de renoncer et le moral reste bon en ce début d'année.

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