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Leur société
Accord sur les médicaments génériques : Monopoles industriels renforcés, pauvres abandonnés
Depuis le 1er janvier, les laboratoires qui fabriquaient, à moindre coût, des copies de médicaments encore protégés par un brevet doivent cesser cette production de génériques.
Il y a dix ans, en 1995, l'ensemble des pays membres de l'OMC signaient un accord sur les "Aspects des droits de propriété intellectuelle liés au commerce". En clair, il s'agissait de protéger toutes les inventions industrielles par des brevets et, comme ces inventions sont bien évidemment le fait des pays les plus riches, de protéger et d'accroître encore l'opulence de leurs grands groupes industriels.
Pour ce qui concerne les médicaments, avant cet accord, dans certains pays, en Inde par exemple, des laboratoires fabriquaient, après que leurs chimistes en avaient analysé la composition, des copies des nouveaux médicaments mis sur le marché par les trusts américains ou européens de la pharmacie. Ces copies -ces génériques- étaient vendues cinq, dix, voire quinze fois moins cher que le médicament d'origine.
Depuis la signature de l'accord, cette fabrication de génériques est théoriquement impossible. Tout nouveau médicament est protégé pendant vingt ans par un brevet qui assure au laboratoire qui en est le détenteur un monopole de production et de vente... au prix fort bien entendu.
Après 1995, devant les campagnes internationales dénonçant le caractère criminel d'une telle politique qui consiste à réserver l'accès aux médicaments aux seules populations qui peuvent en acquitter le prix, les laboratoires génériqueurs installés dans les pays pauvres ont obtenu un délai. C'est celui-ci qui vient de s'achever au 1er janvier.
Désormais, les Pfizer, Merck et autres Sanofi-Aventis vont pouvoir jouir sans réserve de leur monopole pendant les vingt années qui suivent la sortie d'un médicament. Sans honte, ils ont même obtenu que soit discutée au cas par cas une protection rétroactive des médicaments mis sur le marché entre 1995 et 2005!
En 2003, dans les pays pauvres, onze millions de personnes sont mortes de maladies infectieuses, entre autres de tuberculose, de paludisme, du sida, c'est-à-dire de maladies pour lesquelles il existe des traitements efficaces. À l'échelle de la planète, sur les cinq millions de malades du sida qui ont besoin d'un traitement d'urgence, seuls 5% y ont accès. Pendant ce temps, les compagnies internationales de l'industrie du médicament, elles qui ont à leur disposition des centaines de milliers de chercheurs et de techniciens, elles qui disposent des meilleures infrastructures de recherche, se battent pour maintenir leurs profits en vendant les produits issus de toute cette intelligence uniquement à ceux qui peuvent les payer et en laissant crever les autres. Quel gâchis!