Sort des détenus : L'État impitoyable... sauf pour Papon31/12/20042004Journal/medias/journalnumero/images/2004/12/une1900.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Sort des détenus : L'État impitoyable... sauf pour Papon

La juridiction régionale de libération conditionnelle de Douai (Nord) a rejeté la demande de Nathalie Menigon, militante d'Action Directe, de suspension de peine pour raison médicale, en application de la loi Kouchner qui permet, après avis, la libération pour des détenus gravement malades.

Nathalie Menigon qui achèvera en mars prochain sa dix-huitième année de prison pour les meurtres du général Audran et de Georges Besse, PDG de Renault, est partiellement hémiplégique après plusieurs accidents vasculaires cérébraux. Parmi les trois autres militants d'Action Directe, détenus depuis de longues années et tous dans des états de santé déplorables, seule Joëlle Aubron, atteinte d'une tumeur cancéreuse au cerveau, a été libérée en juin dernier.

Même si nous n'approuvons pas les méthodes de terrorisme individuel prônées par les militants d'Action Directe, nous condamnons les conditions inhumaines dans lesquelles ces militants sont détenus.

La loi Kouchner, promulguée en mars 2002, a bénéficié en tout premier lieu à Maurice Papon. En 1998, celui-ci avait été condamné à dix ans de prison pour complicité de crime contre l'humanité: il avait, pendant l'Occupation, alors qu'il était haut fonctionnaire de Vichy, envoyé 1690 Juifs bordelais à la mort dans les camps d'extermination nazis. Quant à sa responsabilité en tant que préfet de Paris dans la répression de la manifestation des Algériens qui fit des centaines de victimes le 17 octobre 1961, elle ne lui a jamais valu de poursuites. Enfin, six mois après le vote de la loi Kouchner, Papon était libéré au prétexte d'une maladie cardiaque.

Des centaines de prisonniers gravement malades ne bénéficient pas du même traitement et sont maintenus en prison bien qu'atteints d'un cancer ou en fin de vie. Certains meurent en prison avant d'avoir obtenu le résultat de leur recours. En fait, au 1ernovembre 2004, seuls 156 détenus ont été libérés pour raison de santé, alors que 120 personnes par an décèdent dans les prisons françaises, ce chiffre n'englobant pas les morts par suicide.

La loi s'applique d'une façon dure et inhumaine... sauf apparemment quand on s'appelle Papon.

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