Sarkozy l'illusionniste : Prix en hausse et salaires bloqués31/12/20042004Journal/medias/journalnumero/images/2004/12/une1900.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Sarkozy l'illusionniste : Prix en hausse et salaires bloqués

Sarkozy s'y était engagé alors qu'il était encore à la tête du ministère des Finances: les prix allaient baisser à l'automne 2004. Un accord avait même été signé entre industriels et représentants de la grande distribution, sous la tutelle de son ministère, annonçant un objectif de 2% de baisse sur les produits des grandes marques.

Maintenant que le trimestre en question est terminé, on peut juger du résultat. En fait, un client qui sort d'un supermarché avec un caddie identique a dépensé davantage en novembre qu'en septembre (et il a pu s'en apercevoir, sans attendre les chiffres).

Certes, les grandes marques ont baissé légèrement leurs tarifs: pas tout à fait cependant des 2% auxquels elles s'étaient engagées, mais presque. Mais dans le même temps, le prix de nombreux autres produits a grimpé, en particulier les fruits et légumes (de 6 à 9%). Résultat, de septembre à novembre, selon les chiffres très officiels de l'Institut National de la Statistique, l'ensemble des prix a monté de 0,4%, avec une mention spéciale pour l'habillement (plus de 4% en trois mois!), les loyers (près de 1%) et bien sûr le pétrole (plus de 13%). En un an, le coût de la vie aurait augmenté de 2%, certains postes, comme les loyers justement, étant largement sous-estimés par l'INSEE.

De son côté, l'Union Fédérale des Consommateurs (UFC), dans son mensuel Que Choisir, publie des chiffres un peu différents de ceux de l'INSEE. Cette association indépendante relève elle aussi des dizaines de milliers de prix sur toute la France. Elle publie ce mois-ci ses résultats, sur la base d'un même " panier " de produits. Le prix de celui-ci a augmenté, de juin 2002 à septembre 2004, de plus de 4%, avec des pointes à 8 voire 9% dans certaines grandes surfaces. Que Choisir raconte qu'une de ses enquêtrices, ayant relevé les prix un samedi dans un Intermarché de Châteaudun, y est retournée pour faire ses courses le lundi. Elle a eu la surprise de constater que les prix y avaient grimpé de 4 à 15% dans le week-end! Selon Que Choisir, la hausse des prix des produits de première nécessité aurait été de 12,2% depuis 2000, l'année de l'introduction de l'euro (qui a servi de prétexte à plus d'un débordement). Il n'y a pas beaucoup de salariés à avoir eu des augmentations de cet ordre.

Aujourd'hui, Sarkozy n'est plus à Bercy, et de toute façon l'accord qu'il avait parrainé n'était valable que pour un trimestre. C'était, on l'a vérifié, une mesure publicitaire visant à laisser croire aux salariés qu'il allait stabiliser les prix et qu'il ne serait pas nécessaire de revendiquer des augmentations de salaire. Mais les prix, comme il fallait s'y attendre, ont continué de monter, et les salaires, eux, ont continué à stagner.

Après avoir manié le gros bâton au ministère de l'Intérieur, Sarkozy l'a remplacé au ministère de l'Économie par la baguette magique de l'illusionniste.

Partager