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- Lutte ouvrière n°1900
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H & M – Le Bourget (Seine-Saint-Denis) : La police déloge le piquet de grève mais la direction n'a pas gagné
Mardi 28 décembre, en fin de matinée, les forces de l'ordre sont intervenues pour chasser les grévistes qui, depuis dix-sept jours, bloquaient la porte des entrepôts de la chaîne d'habillement H&M, au Bourget. Plus nombreux que les membres du piquet de grève présents à ce moment de la journée (les soixante-sept grévistes se relayant jour et nuit pour empêcher les camions de ravitailler les quelque soixante-dix magasins français et italiens), les policiers ont réussi à les repousser pour dégager l'entrée et faire sortir quelques camions. Peut-être pas très fier du sale boulot que la direction d'H&M leur demandait de faire, l'un des policiers a même tenté d'empêcher un journaliste de télévision de filmer la scène. Aussitôt après, on a vu le patron en personne travailler au démontage de la tente installée sur le trottoir, lui qui, en presque trois semaines de grève, n'avait même pas pris le temps de discuter des revendications des employés d'H&M.
Les grévistes présents laissaient éclater leur colère: " Le patron envoie les forces de l'ordre pour taper sur ses salariés, voyez comment on est traité d'habitude à l'intérieur ", criait l'une. " C'est une honte, pour 80 euros qu'on demande " (le maintien de la prime d'intéressement). " Le patron d'H & M, c'est le roi de la jungle, il nous méprise... Toute l'année, quand il y a des réunions avec le personnel, c'est toujours en bas des escaliers, jamais dans une salle; il nous traite comme des rats. "
Cette intervention policière fait suite au jugement rendu vendredi 24 décembre par le tribunal de Bobigny, enjoignant les grévistes de libérer l'entrée de l'entreprise, mais aussi faisant obligation à la direction de négocier. Le représentant de l'État, le préfet de Seine-Saint-Denis, devait faire office de " facilitateur ", selon le terme employé! Il a surtout facilité la venue des policiers: pas le lundi, alors que la presse était présente, mais le lendemain.
Les salariés de l'entrepôt d'H&M se sont mis en grève pour des augmentations de salaire: ils demandent un quatorzième mois ainsi que le maintien de la prime d'intéressement, que la direction a supprimée, après l'avoir accordée pendant trois ans. Depuis le début de la grève, la direction a refusé toute discussion et a joué le bras de fer, en demandant au tribunal l'évacuation du piquet, mais aussi en retenant une partie du salaire des grévistes: ceux-ci n'ont rien touché pour les jours travaillés avant cette date. Cette mesure est ressentie comme un déni du droit de grève de la part de ce patron de combat, qui ne se sert des lois que quand ça l'arrange.
Même si les grévistes de l'entrepôt français d'H&M ont dû dégager la porte, leur mouvement n'est pas fini: " Nous sommes toujours en grève, car nous sommes dans une entreprise qui ne respecte pas du tout les salariés ", dit l'un d'eux. Les grévistes évacués, la direction d'H & M n'a pas encore gagné!